Assistants familiaux : une place de plus en plus réduite dans la protection de l’enfance

La tendance est nette : les assistants familiaux perdent du terrain dans les modalités de prise en charge de l’aide sociale à l’enfance (ASE).

Les établissements prennent le pas sur les familles d’accueil. La dernière étude de la Drees qui rassemble et synthétise de nombreuses données statistiques disponibles sur l’aide sociale à l’enfance (ASE) le confirme. En 2023, seuls 36 % des enfants confiés à l’ASE vivent chez une assistante familiale, contre 56 % en 2006. Les établissements habilités sont devenus la modalité d’accueil la plus fréquente, représentant 41 % des situations, devant les autres solutions comme l’hébergement autonome ou le placement à domicile.

Le critère d’âge pèse fortement dans les choix d’orientation. Les 3 à 5 ans sont majoritairement confiés à une assistante familiale (61 %), tandis que chez les 16–17 ans, l’accueil en établissement devient la norme (53 %), complété par d’autres dispositifs plus adaptés à leur autonomie.

Des territoires aux pratiques contrastées

Si tous les départements utilisent les deux grands modes de placement — en établissement ou en famille d’accueil —, la répartition est loin d’être uniforme. En 2023, la médiane nationale s’établit à 37 % d’enfants confiés à une assistante familiale. Près de la moitié des départements (47) s’inscrivent dans une fourchette comprise entre 28 % et 45 %, formant un groupe relativement homogène autour de la moyenne.

Mais les écarts se creusent dès que l’on sort de cette zone médiane. Vingt-quatre départements présentent un recours plus faible à l’accueil familial, avec une part inférieure à 28 %. Ces territoires se situent principalement dans l’Est, l’Île-de-France et le Sud, où l’institutionnel prend le pas sur le placement familial.

À l’inverse, 29 départements privilégient fortement le placement en famille, avec plus de 45 % des enfants confiés à une assistante familiale. Parmi eux, 11 territoires se distinguent nettement, dépassant les 56 %. On y retrouve plusieurs départements ruraux du Massif central et du Sud-Ouest (Tarn-et-Garonne, Aveyron, Lozère, Corrèze, Creuse, Cantal, Manche), où la tradition du placement familial reste solidement ancrée.

Les territoires ultramarins (La Réunion, Guyane, Guadeloupe, Martinique) affichent également un recours massif à l’accueil en famille, confirmant des choix d’organisation plus tournés vers le cadre familial.

Pour rappel, la ministre Catherine Vautrin a annoncé, début juin, qu’elle déposera à l’automne prochain un projet de loi consacré à la protection de l’enfance. Ce texte vise notamment à élargir le vivier des assistants familiaux en leur permettant de cumuler cette activité avec un autre emploi.

Les établissements coûtent davantage que les familles d’accueil

En 2023, les départements ont consacré 11 milliards d’euros à la protection de l’enfance. Une enveloppe conséquente, qui couvre notamment la rémunération des assistants familiaux. Quatre euros sur cinq sont allés au financement des placements, confirmant le poids croissant des mesures d’accueil dans l’organisation de l’ASE. En 2023, le coût moyen d’un placement s’élève à 41 000 euros par an et par enfant. Un chiffre qui varie selon les territoires, en fonction du mode d’accueil privilégié. Les départements qui s’appuient largement sur les établissements enregistrent des dépenses plus élevées que ceux qui favorisent l’accueil en famille.