Comment expliquer le décrochage scolaire des NEETS ?

Selon l’Insee, le taux des 15-29 ans « ni en emploi, ni en études, ni en formation » (Neet en anglais) était de 12,2 % au 4e trimestre 2021, soit près de 1,5 million. La fondation AlphaOmega, spécialisée dans la réussite scolaire des jeunes issus de milieu modeste, publie avec l'Ifop une étude sur les mécanismes du décrochage scolaire chez ces jeunes.

« Nous avons voulu comprendre ce qui se passait dans l’esprit et durant le parcours d’un jeune sorti du système scolaire sans diplôme et qui se retrouve NEET avec de difficiles perspectives d’insertion professionnelle. Nous les avons interrogés et avons identifié les moments critiques ainsi que les principales émotions qu’ils ont ressenties tout du long », explique Elisabeth Elkrief, directrice générale de la Fondation AlphaOmega.

Menée auprès d'un échantillon de 1 107 personnes de 15 à 29 ans représentatifs des NEETS en France, l'enquête met en évidence un redoublement précoce en primaire et au collège : 32% des NEETS interrogés disent avoir redoublé en élémentaire et 35% au collège. En cause, un maîtrise insuffisante des savoirs fondamentaux (lire, écrire, calculer). Autre écueil sur le parcours de ces jeunes : les problèmes de comportement. On constate que sur les 39% de NEETS dont les parents ont été convoqués pour des problèmes de comportement durant la scolarité, 65 % ont fait l’objet d’une convocation au collège. Le troisième problème constaté est celui de l’orientation au lycée : sur les 34 % de NEETS interrogés qui ont abandonné les cours ou une formation durant leur parcours scolaire, 48 % l’ont fait au lycée contre 19 % au collège et 29 % dans l’enseignement supérieur.

Moins d’1 jeune sur 4 dit avoir pu bénéficier de l’action des associations

« A ces différents moments critiques, ces jeunes ont manqué d’un accompagnement adapté et spécifique. Dans les moments difficiles, les jeunes se tournent logiquement vers les soutiens les plus proches que sont les parents et les professeurs. Ce rôle, les professeurs et les parents n’ont pas toujours ni le temps ni les moyens de l’endosser. Pourtant, il existe de nombreux acteurs-tiers dont les associations agissant en prévention du décrochage scolaire aux côtés de l’école pour épauler les enseignants et les parents. Malheureusement moins d’1 jeune sur 4 dit avoir pu bénéficier de l’action des associations », analyse l'enquête.

Les NEETS sondés mettent également en évidence la volonté d’avoir une activité professionnelle rémunérée (70 %), l’ennui en classe (67 %) et l’impression de perdre du temps (60 %). Les jeunes sondés expriment également de nombreuses émotions négatives en lien avec leur situation.

–          L’angoisse : 57 % des NEETS décrocheurs interrogés disent avoir eu peur d’échouer, en particulier les femmes (67 % contre 44 % pour les hommes) ;
54 % se sentaient angoissés en classe avec, là encore, une surreprésentation des femmes (59 % contre 46 % pour les hommes).

–          Le sentiment d’être abandonné : 1 sur 2 disent avoir rencontré des difficultés familiales et 41% ne se sentaient pas soutenus dans leur scolarité par leur entourage

–          Le regret : plus de 1 NEET sur 2 regrettent aujourd’hui de ne pas avoir poursuivi des études, en particulier les femmes (59% contre 47% pour les hommes)

–          Le pessimisme : 85 % des NEETS ont le sentiment qu’il sera compliqué de réussir leur vie professionnelle et près d’1 sur 2 se dit pessimiste sur son avenir.

« Les sentiments négatifs sont le fruit d’un parcours scolaire subi et peu motivant résultant à la fois d’une difficulté à se conformer aux attentes de l’école (le sentiment d’échouer) et d’un manque de soutien adapté aux étapes-clés, autant d’éléments sur lesquels les acteurs-tiers proposent des accompagnements sous forme de mentorat, de clubs en effectifs restreint, ou encore d’ateliers pour aborder sa scolarité sous un angle renouvelé », poursuit l'étude.

Pour mémoire, le Contrat d’engagement jeune, en vigueur depuis 1er mars 2022, a pour l’ambition de ramener vers la formation et l’emploi 400 000 jeunes par an, peu qualifiés et souvent hors radar des institutions.