Alors qu'ils sont plus vulnérables à la consommation d'alcool que les adultes, en 2023, les mineurs achètent et boivent très facilement de l'alcool en France.

À l’approche des fêtes de fin d’année, Addictions France révèle les résultats de deux enquêtes sur la consommation d’alcool des mineurs. A travers deux enquêtes, l’association révèle « l’ambivalence » des Français vis-à-vis de la consommation d’alcool des ados, et montrent à quel point il est facile de se procurer de l’alcool quand on est mineur. 

D'après l'enquête* de BVA Xsight pour Addictions France, un enfant goûte de l'alcool pour la première fois à l'âge moyen de 14 ans. L’initiation en famille est significative avec 4 parents sur 10 ayant déjà fait goûter une boisson alcoolisée à leur adolescent. Cette expérimentation en famille commence en moyenne à l’âge de 14 ans et dans 6% des cas avant 13 ans. « L’initiation précoce à la consommation d’alcool, loin "d’éduquer au goût", banalise de fait l’alcool et peut conduire à des consommations excessives à l’âge adulte », avertit l’association.

"Une initiation précoce à l'alcool favorise les risques de dépendance à l'âge adulte"

La consommation d’alcool des adolescents de 15 à 17 ans est jugée acceptable dans un contexte familial ou festif par 55% des Français, et 46% des parents d’adolescents. « L'alcool peut entraîner des dommages irréversibles sur le développement de certaines parties du cerveau, en maturation jusqu'à l'âge de 23 ans. Une initiation précoce à l'alcool favorise les risques de dépendance à l'âge adulte », rappelle Addictions France. Or, seulement 38% des personnes interrogées associent la consommation occasionnelle d’alcool à un risque élevé pour la santé d’un adolescent alors qu’elles sont 82% à considérer qu’une consommation régulière représente un risque élevé.

Si l’enquête Escapad 2022 de l'Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) montre une baisse encourageante de la consommation d’alcool chez les jeunes de 17 ans (baisse des usages réguliers de 14% entre 2017 et 2022), le niveau de consommation demeure toujours trop élevé au sein de cette population. Les adolescents de 17 ans sont 45,9% à avoir déjà expérimenté l’ivresse au cours de leur vie. En parallèle, les alcoolisations ponctuelles importantes ou "Binge-drinking" (au moins 5 verres dans un laps de temps très court au moins une fois dans le mois) sont encore très répandues pour plus d’un tiers des jeunes de 17 ans. 

Cette tolérance sociale est toutefois « loin d’expliquer pourquoi il est si facile de boire de l’alcool quand on est adolescent », poursuit Addictions France. Dans une seconde étude, l'association pointe du doigt « l'irresponsabilité des acteurs économiques ». Cet été, à Nantes et dans six autres communes de Loire-Atlantique, Addictions France a réalisé des achats-tests dans des bars, cafés et fast-foods. Sur les 42 établissements visités, tous, sauf un, ne respectent pas la loi et ont vendu de l’alcool aux mineurs. En 2021, une opération de testing menée en Loire-Atlantique et dans le Finistère auprès des supermarchés avait déjà montré que 9 magasins sur 10 ne respectaient pas l’interdiction.

Addictions France a engagé devant le tribunal de Nantes, en juillet, quatre procédures pénales à l’encontre des responsables de supermarché des géants Auchan et Leclerc. L'association engagera prochainement des actions similaires à l’encontre des autres établissements (supermarchés et épiceries) ayant fait l’objet de constatations au cours de l’automne 2023 à Nantes, Angers et Rennes, soit 20 procédures au total.