Publié le 12 septembre, le Baromètre Ipsos/Secours populaire 2025 dresse un tableau inquiétant d’une jeunesse fragilisée : privations alimentaires, difficultés pour se vêtir ou accéder aux loisirs, anxiété massive face à l’avenir et sentiment de déclassement générationnel.
L’édition 2025 du Baromètre Ipsos/Secours populaire* braque les projecteurs sur la jeunesse. Le constat est implacable : « 86 % des moins de 35 ans associent leur avenir à des émotions négatives. » L’angoisse étreint un jeune sur deux, et près d’un sur quatre (22 %) va jusqu’à citer le désespoir. Plus inquiétant encore, « la moitié des jeunes déclarent vivre une forte angoisse au quotidien. »
Ces inquiétudes se traduisent dans leur vie de tous les jours. « Un jeune sur deux se dit mécontent de son niveau de vie, contre 33 % en 2010. » La moitié exprime un sentiment d’angoisse en pensant à son avenir, et près d’un sur quatre parle de désespoir.
Les difficultés sont multiples : 40 % se disent insatisfaits de l’accès au système de santé et aux soins, 48 % peinent à s’alimenter de façon équilibrée (contre 44 % en 2010) et 56 % rencontrent des obstacles pour accéder à des activités culturelles ou de loisirs (contre 44 % en 2010). Enfin, 38 % ont déjà dû solliciter une aide financière auprès de leurs proches pour éviter de basculer dans la précarité.
1,3 million de jeunes âgés de 18 à 29 ans vivent sous le seuil de pauvreté
Étudiants fragilisés, actifs précaires
Le rapport souligne aussi la vulnérabilité particulière des étudiants. Plus de quatre sur dix jugent leur situation difficile. Un tiers (34 %) doit travailler en parallèle de ses études, parfois à temps plein, ce qui complique la réussite académique. Près d’un jeune sur cinq (19 %) a contracté un prêt étudiant, et près d’un sur dix est encore en train de le rembourser.
Chez les jeunes actifs, les difficultés persistent. « Un quart des 18-34 ans déclare que leur emploi ne leur permet pas de subvenir à leurs besoins quotidiens ». Le travail, censé protéger de la pauvreté, ne remplit plus ce rôle pour une partie croissante de la jeunesse.
Au total, 1,3 million de jeunes âgés de 18 à 29 ans vivent sous le seuil de pauvreté. Le Secours populaire rappelle que 13 % de ses bénéficiaires ont entre 18 et 25 ans, preuve que la précarité concerne directement cette tranche d’âge.
L’enfance en première ligne
La pauvreté frappe également les plus jeunes. « 31 % des familles déclarent avoir du mal à assurer trois repas équilibrés par jour ». Dans beaucoup de foyers, la cantine scolaire est devenue le seul endroit où un repas complet est garanti. Et les arbitrages financiers sont lourds : « 64 % des familles ont dû renoncer à des vacances ou à des activités pour leurs enfants ».
Le Secours populaire note que près d’un parent sur cinq n’a pas pu subvenir aux besoins essentiels de ses enfants — alimentation, vêtements, soins ou scolarité — en raison de difficultés financières.
Quand travailler ne suffit plus
Les antennes du Secours populaire constatent une hausse continue des demandes d’aide. Un responsable associatif témoigne : « Nous avons 100 nouvelles inscriptions par mois dans une seule antenne. Il s’agit de retraités, d’étudiants étrangers, principalement des personnes dont le travail ne paye pas assez pour sortir de la pauvreté ».
Ce constat s’applique aussi aux jeunes : étudiants précaires, apprentis, intérimaires ou salariés en contrats courts composent une part croissante des personnes accompagnées.
Une jeunesse qui s’engage
Le baromètre montre également que les jeunes restent nombreux à vouloir s’impliquer. « 75 % des jeunes ont déjà signé ou seraient prêts à signer une pétition, et 73 % ont déjà fait ou seraient prêts à faire un don matériel à une association », précise l’étude. Plus d’un sur deux, soit 52 %, est déjà engagé ou se dit prêt à s’investir dans une association de solidarité.
Les formes d’engagement varient. L’implication syndicale (30 %) ou politique (29 %) est moins répandue. La majorité des jeunes privilégie des formes souples : « 64 % des jeunes s’impliqueraient de façon occasionnelle, 30 % de manière régulière sans responsabilité et seuls 6 % accepteraient d’assumer des responsabilités ».
Un signal d’alerte
Pour le Secours populaire, les résultats de l’édition 2025 sonnent comme un signal d’alarme. Les privations qui touchent enfants et jeunes — qu’il s’agisse d’alimentation, de vêtements, de culture ou de loisirs — révèlent une fragilisation profonde et durable. L’association souligne que, si la solidarité associative reste indispensable, elle ne peut répondre seule à l’ampleur des besoins. Elle appelle donc à un renforcement des politiques publiques afin de garantir aux jeunes générations l’accès aux biens essentiels et la capacité de se projeter sereinement dans l’avenir.
** Enquête réalisée par Ipsos auprès de 1 000 Français, représentatifs de la population nationale âgée de 18 à 34 ans. La représentativité des échantillons a été assurée par la méthode des quotas. Interviews réalisées en ligne du 26 mai au 6 juillet 2025.
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