L'association Mémoire traumatique et victimologie présidée par la psychiatre Muriel Salmona a publié, le 1er février, les résultats d'une enquête sur les représentations du viol et des violences faites aux femmes. Constat très inquiétant, les stéréotypes sexistes et la culture du viol restent encore ancrés chez les jeunes 18-24 ans, en raison notamment de l'influence de la pornographie.

Cette étude réalisée par l'institut Ipsos auprès de 1035 personnes représentatives de la population française, du 15 au 17 novembre 2021, met en évidence « un net recul » de l'adhésion des Français(ses) aux stéréotypes sexistes et à la culture du viol par rapport aux deux enquêtes précédentes de 2016 et 2019.

Fait préoccupant, cette amélioration touche moins les jeunes de 18 à 25 ans et surtout les jeunes hommes de 18 à 24 ans qui « adhèrent bien plus que les autres tranches d'âge à une vision sexiste et à une sexualité violente sans respect du consentement ».

Pour 20% des jeunes sondés, « forcer une personne à avoir un rapport sexuel alors qu'elle refuse et ne se laisse pas faire » ne constitue pas un viol (contre 8% de la population en général.) Ce pourcentage grimpe à 30% (contre 18% des Français (ses) en général) pour l'affirmation suivante : « forcer sa conjointe ou sa partenaire à avoir un rapport sexuel alors qu'elle refuse et ne se laisse pas faire ». Ils sont également 20% dans cette même tranche d'âge à ne pas qualifier de viol le fait d’« avoir un rapport sexuel avec une personne en état d'ébriété, droguée ou endormie et qui est incapable d'exprimer son consentement », contre 9% des sondés dans leur ensemble.

Selon l'association Mémoire traumatique et victimologie, 1 jeune de 18-24 ans sur 3 considère que la pornographie est un moyen comme un autre de faire son éducation sexuelle. Par ailleurs, 36 % des jeunes sondés à penser que beaucoup de femmes prennent du plaisir à être humiliées et injuriées, forcées. De même, 23 % des jeunes pensent que beaucoup de femmes prennent du plaisir à être forcées ou disent "non" mais ça veut dire "oui".

« Génération porno »

« Il y a dans cette jeune génération une problématique très importante face à la notion de consentement », avertit le Dr Muriel Salmona, présidente de l'association, qui évoque une «génération porno ».

L'association explique cette tendance inquiétante par différents facteurs : « une exposition de cette tranche d'âge dès l'enfance à des contenus pornographiques, contenus souvent violents et dégradants envers les femmes avec une érotisation de la haine et de la violence envers les femmes, ainsi qu'à des jeux en ligne mis en scène des stéréotypes sexistes, une culture du viol et des scènes de violences sexuelles envers les femmes et étant associés à une communauté de joueurs qui véhiculent une culture fortement sexiste ».

Et l'association Mémoire traumatique et victimologie d’insister : « Il est urgent d'agir car les enfants sont de plus en plus exposés à de la pornographie dont le contenu en ligne explose d'année en année et est largement non-réglementé ce qui en fait une zone de non-droit avec des scènes où des femmes subissent des actes violents, dégradants et humiliants, et avec un accès à des contenus criminels : des vidéos de viols, de revenge-porn, de pédocriminalité ».