Suite aux violences urbaines après la mort de Nahel, les professionnels de la prévention spécialisée veulent rappeler aux pouvoirs publics leur rôle majeur auprès de la jeunesse des quartiers populaires. Marie-Pierre Cauwet, directrice de l’Association prévention spécialisée nationale (APSN) aspire à plus de moyens et de reconnaissance pour ces "travailleurs de l'ombre".

Mini-bio : Directrice de l’Association prévention spécialisée nationale (APSN) depuis 2017, Marie-Pierre Cauwet a démarré sa carrière professionnelle en tant qu'éducatrice de prévention spécialisée. Elle a exercé une fonction de formatrice dans une école de formation d’éducateurs spécialisés. Elle a occupé la fonction de Directrice régionale adjointe à l’Acsé (Agence pour la Cohésion Sociale et l’Egalité) sur la mission de prévention et de lutte contre les discriminations dans la région Nord-Pas-de-Calais. Elle a ensuite pris une responsabilité de formations des cadres de la PJJ (Protection Judiciaire de la Jeunesse). Elle a également exercé une fonction de formatrice-consultante au sein de l’IFAR (Intervention Formation Action Recherche). [Source : APSN]

En tant que professionnel de la prévention spécialisée, quel regard portez-vous sur les émeutes urbaines suite à la mort du jeune Nahel à Nanterre abattu par un policier ?

Marie-Pierre Cauwet : Il n’y a pas de surprise. Les quartiers populaires sont une cocotte-minute. De génération en génération, les jeunes des quartiers voient le train passer et n’ont pas le sentiment de faire partie de la société. Des ruptures très profondes durent depuis des décennies et sont liées, pour une partie d’entre elles, à la discrimination et au racisme. Les politiques sociales font l’autruche sur ce sujet-là. Il y avait, à une certaine époque, des plans de prévention et de lutte contre les discriminations, adossés aux contrats de ville. Ils ont été remplacés par les plans de lutte contre la radicalisation. Le Défenseur des droits, le Bureau international du travail (BIT) donnent régulièrement l’alerte sur les discriminations dont sont victimes ces jeunes mais rien ne se passe.

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