En 2024, les services de sécurité ont enregistré 272 400 victimes de violences conjugales. Si la majorité sont des femmes adultes, les données révèlent une part non négligeable de jeunes victimes, souvent mineures ou à peine majeures.

Les violences conjugales demeurent à un niveau élevé en France. En 2024, la police et la gendarmerie ont recensé 272 382 victimes, un chiffre quasiment stable par rapport à 2023 (+ 0,4 %), selon la dernière publication du Service statistique du ministère de l’Intérieur (SSMSI), diffusée le 23 octobre.
Les violences physiques restent majoritaires (64 % des cas), devant les violences psychologiques ou verbales (31 %) et les violences sexuelles (5 %).Très peu de victimes de violences sexuelles conjugales portent plainte.

Des adolescentes touchées

Le SSMSI note que les violences sexuelles conjugales, bien que minoritaires, progressent nettement (+ 12 % en 2024) : elles concernent 13 508 victimes, dont 22,5 % âgées de 15 à 19 ans. Plus de la moitié des victimes de ce type de violences ont moins de 30 ans.

Les femmes représentent 98 % des victimes de violences sexuelles conjugales, contre 83 % pour les violences physiques et 85 % pour les violences psychologiques. Si la grande majorité des victimes a entre 20 et 45 ans (74 %), 6 % ont moins de 20 ans, selon le SSMSI. Ces jeunes victimes sont principalement concernées par des violences physiques ou sexuelles, parfois au sein de relations récentes.

Un repérage encore limité

D’après l’enquête de victimation « Vécu et ressenti en matière de sécurité » (VRS), réalisée par le ministère de l’Intérieur, seule une victime de violences conjugales sur six porte plainte pour les faits qu’elle a subis. Autrement dit, une immense majorité des situations restent invisibles aux yeux des institutions.

Les conditions d’accueil des victimes et la libération de la parole ont certes amélioré la remontée d’informations, mais les faits anciens demeurent les plus fréquemment rapportés. En 2024, 30 % des victimes ont signalé des faits antérieurs à l’année de l’enregistrement, contre 19 % en 2016.

Des disparités territoriales fortes

Les territoires les plus touchés sont identiques à ceux observés en 2023 : le Pas-de-Calais, La Réunion, la Somme, le Nord et la Seine-Saint-Denis enregistrent les taux de victimes les plus élevés. Les femmes âgées de 15 à 64 ans y sont les plus exposées, avec jusqu’à 16 victimes pour 1 000 habitantes dans le Pas-de-Calais.

Les communes rurales présentent en revanche des taux plus faibles : 7,6 victimes pour 1 000 habitantes contre 13,3 dans les unités urbaines de 100 000 à 199 999 habitants. Ces écarts confirment la surreprésentation des violences conjugales dans les zones urbaines, où vivent une majorité de jeunes ménages.

Des profils stables depuis huit ans

Le profil type des victimes reste stable depuis 2016 : une femme de nationalité française, âgée de 25 à 39 ans, mais les jeunes sont loin d’être épargnés. Les mineurs et jeunes majeurs apparaissent particulièrement dans les violences sexuelles et psychologiques. Les personnes mises en cause sont à 85 % des hommes, le plus souvent âgés de 30 à 45 ans.

En 2024, 134 personnes ont été tuées par leur partenaire ou ex-partenaire, selon les données du ministère de l’Intérieur. Un chiffre qui rappelle la persistance des violences conjugales les plus extrêmes.


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