La disparition des places d’accueil individuel de la petite enfance inquiète. L’UFNAFAAM, interpelle à nouveau les pouvoirs publics et avance une série de mesures pour soutenir les professionnelles et garantir un accueil de qualité.
Moins de candidates, plus de départs, des familles sans solution : les signaux rouges s’accumulent. Le 28 août, l’UFNAFAAM a adressé une lettre ouverte aux pouvoirs publics. Dans ce courrier, elle dénonce la baisse continue du nombre d’assistants maternels et la disparition de centaines de places d’accueil.
Un soutien politique jugé insuffisant
Pour la fédération, la profession souffre d’un déficit de reconnaissance et d’un manque de soutien politique. Le métier « n’est pas suffisamment porté par le Gouvernement », affirme-t-elle, et son accompagnement reste « disparate selon les territoires ». Cette absence de vision nationale compromet la mise en place de solutions efficaces pour enrayer la chute des effectifs.
Depuis des décennies, la France a largement compté sur l’accueil individuel pour répondre aux besoins des familles. Mais la tendance s’inverse. La hausse des places en crèches ne compense pas la baisse de l’accueil individuel, avertit l’UFNAFAAM, qui y voit un danger pour « le service public de la petite enfance, la diversité et la qualité de l’offre sur l’ensemble du territoire ».
Le constat de la fédération est sans appel : malgré les mesures déjà annoncées par les pouvoirs publics, « aucune n’a permis d’enrayer la baisse du nombre d’assistants maternels et d’inverser la tendance ». D’où l’appel à des réformes concrètes pour rendre le métier plus attractif, renforcer le soutien aux professionnelles et préserver la qualité de l’accueil.
Faciliter l’accès au métier
Entrer dans la profession reste un parcours du combattant. Les réunions préalables à l’agrément, censées informer les candidats, sont jugées trop techniques et centrées sur la réglementation. Elles devraient, selon la fédération, donner une information claire et concrète, plutôt que décourager les vocations.
Les délais administratifs constituent un autre frein. Dépôt du dossier, entretien avec la PMI, formation obligatoire, QCM… la succession d’étapes rallonge de plusieurs mois le parcours d’installation. Un calendrier jugé dissuasif, notamment pour les personnes en reconversion qui ont besoin de revenus rapidement.
294 900 agréées fin 2023
C’est le nombre d’assistantes maternelles titulaires d’un agrément délivré par les services de PMI. Ce chiffre marque une baisse de 4,7 % en un an.
222 710 en activité
Toutes les agréées n’exercent pas. En 2023, seules 222 710 accueillaient réellement des enfants, soit 9 700 de moins qu’en 2022.
769 500 places d’accueil
La capacité théorique d’accueil individuel s’élève à 769 500 places. Elle recule pour la neuvième année consécutive (- 3,3 % en un an).
- 33 % depuis 2012
En dix ans, le nombre d’assistantes maternelles a chuté d’un tiers.
300 000 places menacées d'ici à 2030
Selon l’Observatoire national de la petite enfance (ONAPE), près de 104 500 assistantes maternelles partiront à la retraite d'ici à 2030. Cela représenterait plus de 300 000 places d’accueil perdues, compte tenu du nombre moyen d’enfants gardés par professionnelle.
« Faute d’action rapide, c’est tout un pan de l’accueil individuel qui s’effondrera »
Reconnaître et renforcer les compétences
La fédération plaide pour une refonte de la formation. Les 80 heures actuelles sont jugées insuffisantes. Une formation plus longue et sanctionnée par un diplôme national comme le CAP-AEPE permettrait, estime-t-elle, de renforcer l’identité professionnelle des assistants maternels.
Elle propose également d’imposer quatre jours de formation continue par an, jusqu’au premier renouvellement d’agrément, afin de consolider progressivement les compétences et de rompre l’isolement. La fin de la labellisation, qui limite l’offre de formation sur certains territoires, figure aussi parmi ses demandes.
Enfin, l’UFNAFAAM souhaite mieux former les accompagnants des Relais petite enfance : « Une base commune de connaissances renforcerait la qualité de l’accompagnement et la reconnaissance du poste. »
Droits et revenus à sécuriser
Sur le plan juridique, la fédération réclame une modernisation des règles. Que devient un agrément en cas de longue maladie ou d’absence prolongée ? Comment garantir l’équité lorsqu’une professionnelle est convoquée par les services de PMI ? Pour l’UFNAFAAM, « le principe du contradictoire doit être garanti de façon systématique afin d’assurer une procédure transparente et équitable pour toutes et tous ».
La question des revenus est tout aussi cruciale. Trop d’assistantes maternelles subissent encore des impayés. Le dispositif Pajemploi+, géré par l’Urssaf et censé sécuriser les salaires en prélevant directement les familles, ne protège pas assez en cas de défaillance. L’UFNAFAAM demande donc qu’il couvre jusqu’à trois mois de rémunérations impayées et qu’il permette de reconnaître la responsabilité de l’employeur en cas de rupture abusive de contrat.
La fédération souhaite également créer un statut d’agent contractuel pour les assistantes maternelles en crèche familiale – ces structures où elles accueillent des enfants à leur domicile tout en étant salariées d’une collectivité ou d’une association. Objectif : clarifier leurs droits et sécuriser leur statut.
Enfin, concernant les Maisons d’assistants maternels (MAM), elle met en garde : leur réglementation se rapproche de plus en plus de celle des crèches collectives, mais sans les moyens financiers correspondants.
Pour l’UFNAFAAM, l’avertissement est sans ambiguïté : « Faute d’action rapide, c’est tout un pan de l’accueil individuel qui s’effondrera. » L’organisation appelle à un engagement politique durable pour préserver l’équilibre et la diversité de l’offre de garde.
Lire aussi

