En France, si la consommation d’alcool chez les adolescents est souvent étudiée, via notamment l'enquête Escapad pour les jeunes de 17 ans, en revanche peu de travaux portent spécifiquement sur les 18-30 ans qui forment pourtant une population plus à risque d'une consommation d'alcool problématique.

« C'est entre 18 et 30 ans que le cerveau termine sa maturation, en particulier celle de la région du cortex préfrontal, zone de responsabilité, de capacité à planifier et à maîtriser ses impulsions. C’est également la période où se font ressentir les effets d’un manque d’acquisition scolaire ou de difficultés sociales et familiales éprouvées durant l’enfance et l’adolescence », souligne une étude de l'Institut de recherche et documentation en économie de la santé (Irdes), publiée le 10 février.

57,5 % des hommes de 18-30 ans présentent un risque d’alcoolisation excessive, contre 28,2 % des femmes.

Au cours du cycle de vie, c'est entre 18 et 30 ans que le risque d'alcoolisation excessive, qui représente un risque « évitable », culmine avec une large proportion de risque ponctuel plutôt que chronique. A tout âge, il existe de grandes différences selon les sexes, puisque les hommes ont deux fois plus de risque d'avoir une consommation problématique d'alcool. Ainsi, 57,5 % des hommes de 18-30 ans présentent un risque d’alcoolisation excessive, contre 28,2 % des femmes. De plus, près des trois quarts des jeunes femmes ne présentent pas de risques, et elles modèrent leurs comportements plus tôt, dès 25-30 ans, alors que les hommes les accroissent encore. «En revanche, entre 2002 et 2014, si le risque global d’alcoolisation excessive tend à diminuer chez les hommes du fait d’un risque chronique moindre, il a légèrement augmenté chez les jeunes femmes du fait du risque ponctuel».

Les hommes de 18-24 ans, les actifs occupés, disposant a priori de plus d’argent disponible en moyenne que les étudiants ou les chômeurs, sont les plus concernés par le risque.

Au-delà de l'âge, des facteurs d'ordre socio-économique (occupation principale, catégorie socioprofessionnelle, niveau d’études, revenu mensuel), influent sur ces comportements au sein d’une même génération. influent sur ces comportements au sein d'une même génération. Contrairement à l'imaginaire collectif, le risque d’alcoolisation excessive est moindre en cas de précarité et il est accru au sein des plus favorisés. Parmi les hommes de 18-24 ans, les actifs occupés, disposant a priori de plus d’argent disponible en moyenne que les étudiants ou les chômeurs, sont les plus concernés par le risque, puisque 54 % d’entre eux ont une consommation à risque ponctuel et 16 % à risque chronique. Chez les hommes comme chez les femmes et à 18-24 ans comme à 25-30 ans, ce risque augmente avec les niveaux d'éducation et de revenu.

A l'inverse, le fait de bénéficier de la Couverture maladie universelle complémentaire (CMU-C), qui représente un indicateur de précarité, est lié à un moindre risque d’alcoolisation excessive, a fortiori pour les plus jeunes : par exemple, seuls 29 % des jeunes hommes de 18-24 ans bénéficiant de la CMU-C présentent des risques d’alcoolisation excessive (ponctuelle ou chronique) contre 55 % de ceux n’en bénéficiant pas. Chez les femmes du même âge, l'écart est plus important (7 % et 34 %).

Questions d'économie de la santé n° 265 - Janvier 2022 - La consommation d’alcool des jeunes adultes : un risque global d’alcoolisation excessive bien plus élevé pour les hommes mais un risque ponctuel en augmentation pour les femmes