Fin juin, la mort de Nahel 17 ans, tué par un policier lors d’un contrôle routier à Nanterre (Hauts-de-Seine) a suscité une vague d’émeutes urbaines. Quelques mois après, Sadek Deghima, responsable du service de prévention spécialisée de l’association Avenir des cités à Harnes (Hauts-de-France) attend toujours de vrais moyens pour améliorer la situation des jeunes des quartiers populaires. Interview.


Quatre mois après les émeutes qui ont fait suite à la mort de Nahel, quelles actions le professionnel de la prévention spécialisée que vous êtes attend-il du gouvernement ?

Sadek Deghima. Nous avons tous été touchés par la mort de Nahel mais les émeutes ne sont pas qu’une suite à la mort de cet adolescent. Les violences urbaines ont été le fruit des perspectives d’avenir pour les jeunes des quartiers populaires encore comme limitées. De nombreuses difficultés quotidiennes liées à l’emploi, au logement, à l'insertion perdurent. Les sentiments d’injustice et d’inégalités sont très ancrés en eux. De nombreux rapports ont établi les problèmes de discriminations, les relations difficiles entre les jeunes et la police. Mais nous constatons un écart entre les conclusions de ces travaux et les mesures annoncées par le gouvernement. Début octobre, le président de la République a fait part de la création de 200 brigades de gendarmerie, soit plus de 2000 professionnels supplémentaires dispatchés sur tout le territoire national. Alors que selon le Comité national de liaison des acteurs de la prévention spécialisée (CNLAPS), on compte aujourd'hui moins de 4 000 éducateurs de rue en France. Et toutes les villes ne sont pas dotées d’un club de prévention. A la suite des émeutes, plus de 1 000 personnes ont été condamnées et 600 personnes incarcérées. Combien de mesures éducatives ? Combien d’éducateurs supplémentaires sur le territoire ?

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