Après la démission de François Bayrou et l’arrivée de Sébastien Lecornu à Matignon, la Dynamique pour les droits des enfants relance son appel. Le collectif, qui réunit une trentaine d’associations, réclame un ministère de plein exercice. Pour elles, « l’urgence nationale » exige une gouvernance claire et des moyens dédiés.
À chaque remaniement, la même scène se rejoue : les associations doivent repartir de zéro pour convaincre Matignon de placer l’enfance au premier plan. « L’enfance n’est plus une cause, c’est une urgence nationale », insiste la Dynamique pour les droits des enfants.
Le collectif, coordonné par SOS Villages d’Enfants, estime que « l’action des précédents gouvernements a été insuffisante et fragmentée ». Il rappelle que « les enfants représentent aujourd’hui un cinquième de la population », sans qu’un ministère leur soit consacré.
La création d’un Haut-commissariat à l’Enfance en février 2025 avait suscité de l’espoir. Confié en mars à Sarah El Haïry, alors rattachée à la ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles, Catherine Vautrin, l’organe s’est révélé limité. « Ses moyens restreints ne lui permettent pas de résoudre les nombreuses problématiques de l’enfance », avertissaient déjà les associations. Le constat reste inchangé : faute de leviers, le Haut-commissariat n’a pas pu peser.
Aujourd’hui encore, les questions liées aux enfants demeurent « dispersées entre plusieurs ministères », dans une « approche silotée » que les associations jugent inefficace. Une organisation qui, rappellent-elles, contredit « l’esprit de la Convention internationale des droits de l’enfant », ratifiée par la France il y a plus de 35 ans.
« L’enfance doit être au cœur des débats budgétaires »
Un ministère pour sortir des silos
Face à ce constat, le collectif appelle à la création d’un ministère de plein exercice, capable « d’aborder l’enfance de manière holistique ».
Une telle institution siégerait au Conseil des ministres, piloterait une stratégie nationale et fixerait une ligne claire là où les responsabilités sont dispersées. Chaque réforme — qu’il s’agisse d’immigration, de santé, de justice, d’éducation ou de logement — a un impact direct sur les enfants. Pour les associations, seul un ministère dédié permettrait d’assurer une véritable inter-ministérialité et de garantir la cohérence des décisions publiques.
La Dynamique insiste : il ne s’agirait pas d’un symbole mais d’un outil concret de pilotage, d’arbitrage et de financement, « indispensable pour passer de la parole aux actes ». Elle réclame aussi la relance du Comité interministériel à l’Enfance, inactif depuis 2023, qu’elle juge essentiel pour mettre fin à la fragmentation actuelle des politiques.
L’enjeu budgétaire
Le calendrier parlementaire confère un poids particulier à cette revendication. Le projet de loi de finances 2026 doit être examiné dans les prochaines semaines. La Dynamique prévient : « L’enfance doit être au cœur des débats budgétaires ».
Florine Pruchon, responsable du plaidoyer de SOS Villages d’Enfants et coordinatrice du collectif, estime que « la création de ce ministère serait à la fois un signal fort et un levier indispensable pour construire une politique réellement transversale ». Elle ajoute : « Il reste à peine 18 mois pour passer de la parole aux actes. »
« Monsieur le Premier ministre, l’enfance est une priorité. Agissez ! »
Donner une voix aux enfants
Le collectif insiste aussi sur la nécessité de renforcer la participation des jeunes. Il juge qu’ils sont « trop souvent exclus des décisions, alors même qu’ils seront les plus touchés par leurs effets futurs ». La proposition consiste à mettre en place un conseil national d’enfants et d’adolescents, rattaché au futur ministère ou, à défaut, au Haut-commissariat. Cette mesure s’inscrirait dans les engagements pris par la France au titre de la CIDE.
Un moment de vérité pour l’État
Le message adressé à Sébastien Lecornu est direct : « Monsieur le Premier ministre, l’enfance est une priorité. Agissez ! » Les associations appellent à « mettre en place une gouvernance à la hauteur des enjeux et faire de la France un véritable pays-champion des droits de l’enfant ».
Et elles concluent : « Ce n’est pas seulement une question de justice sociale, c’est un investissement pour notre société présente et à venir. »