A l'approche de la fin de la trêve hivernale le 1er avril, la Fondation Abbé Pierre publie la première étude sur le devenir des ménages après l’expulsion de leur domicile.  Retour sur les conséquences pour les enfants.

Que deviennent les ménages après l’expulsion de leur domicile ? Pour répondre à cette question, la Fondation Abbé Pierre et et l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne ont mené une enquête auprès d'une soixantaine de personnes forcées de quitter leur logement, il y a moins de trois ans (et pour 17 % il y a plus de trois ans).

« L’expulsion n’est pas une simple étape du parcours locatif, elle représente une rupture personnelle et un évènement traumatique », souligne la Fondation Abbé Pierre. Ainsi, 1 à 3 ans plus tard, 32 % des ménages n’ont toujours pas retrouvé un vrai logement et vivent encore à l’hôtel ou chez un tiers. 29 % des personnes interrogées n’ont pas pu poursuivre leur activité professionnelle à cause de l’expulsion. Par ailleurs, 10 % des ménages ont connu une période de vie à la rue dans leur parcours. Cette période a duré plus de trois mois pour la moitié d’entre eux (d’une nuit à quelques semaines pour les autres).

Décrochage scolaire, trouble du comportement, problèmes de concentration

Les enfants en sont les premières victimes : 80 % des familles confient l’impact direct sur leur bien-être, et 43 % ont constaté un effet sur la scolarité de leurs enfants (décrochage scolaire, trouble du comportement, problèmes de concentration), 30 % sur leurs relations amicales et 20 % ont dû les changer d’école.

Expérience douloureuse, le moment de l’expulsion génère des conséquences psychologiques sur le long terme. 71 % des ménages souffrent de problèmes de santé ou de difficultés psychologiques liés à l’expulsion. Les troubles psychologiques les plus courants sont l’angoisse, l’insomnie, l’anxiété et la dépression. Les enfants vivent particulièrement mal l’expulsion : 80 % des familles interrogées confient que la période a eu un impact sur le bien-être de leurs enfants (dépression, troubles du comportement, cauchemars…).