Dans une étude publiée le 9 mars, la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) analyse l'effet de la crise sanitaire sur le recours au fonds d’aide pour les  jeunes (FAJ) : la part des aides alimentaires aurait particulièrement augmenté à l’issue du premier confinement.

Le Fonds d'aide pour les jeunes (FAJ) est un dispositif départemental destiné aux jeunes adultes connaissant des difficultés d’insertion sociale ou professionnelle et disposant de faibles ressources.  Outre des aides individuelles (alimentaires, au logement…), le FAJ permet de financer des aides collectives (promotion de la formation professionnelle, stages de préparation au permis de conduire…) et d’accorder des subventions à d’autres organismes.

Pour la première fois, la Drees a collecté des données mensuelles sur les années 2020 et 2021 permettant « de décrire plus finement » les évolutions des différents indicateurs et d’observer en particulier « l’effet de la crise sanitaire sur le recours au FAJ ».

En 2020, 67 000 jeunes ont bénéficié d’aides individuelles du FAJ, soit 1,1 % de la population âgée de 18 à 25 ans. « Au niveau national, un bénéficiaire du FAJ perçoit en moyenne 260 euros d’aides par an en 2020, un montant plus élevé qu’en 2019 (250 euros) », indique l'étude. Selon la Drees, le recours au FAJ recule depuis plusieurs années, notamment depuis 2015, en raison entre autres de l’expérimentation de la Garantie jeunes à partir de 2013, puis à sa généralisation en 2017. Cette tendance à la baisse ne s’est pas enrayée en 2020, malgré la crise sanitaire et ses conséquences sociales : au total, en 2020, 99 900 aides ont été attribuées, soit une baisse de 3,7 % par rapport à 2019.

La part des aides alimentaires aurait particulièrement augmenté au second trimestre de 2020, à l’issue du premier confinement

Si le taux de recours au dispositif n'a pas augmenté, l'étude met en évidence qu'en raison de la crise Covid, la finalité des aides demandées par les jeunes a changé. Ainsi, en 2020, 60 % des aides individuelles subviennent à des besoins alimentaires des jeunes, en augmentation de 7 points par rapport à 2019.  La part des aides alimentaires aurait particulièrement augmenté au second trimestre de 2020, à l’issue du premier confinement. « Dans 68 collectivités sur 109, les aides alimentaires représentent trois quarts des aides attribuées en mai 2020, contre 60 % en février 2020 ». Par la suite, au cours du premier semestre de 2021, la répartition du nombre d’aides attribuées selon leur finalité est semblable à celle du début de l'année 2020, c’est-à-dire juste avant le début de la crise sanitaire.

60 % des bénéficiaires du FAJ ne sont ni scolarisés, ni en emploi, ni en stage, contre 55 % en 2019.

La Drees constate également une « relative dégradation de la situation d’activité » des bénéficiaires du FAJ en 2020 :  60 % des bénéficiaires du FAJ ne sont ni scolarisés, ni en emploi, ni en stage, contre 55 % en 2019. À l’inverse, les jeunes en emploi ou en stage rémunéré et les étudiants sont moins nombreux en 2020 qu’en 2019. Ils représentent respectivement 20 % et 13 % des bénéficiaires en 2020, contre 22 % et 16 % en 2019.

Entre février 2020 (soit juste avant le début de la crise sanitaire) et février 2021, la moitié des collectivités interrogées par la Drees estiment que les caractéristiques socio-économiques des demandeurs du FAJ évoluent par rapport aux profils habituels. Parmi elles, 10 % indiquent que ces évolutions concernent une part importante des demandeurs, 22 % une part modérée et 18 % une part faible. La Drees précise toutefois qu'un tiers des départements ne constatent pas d’évolution particulière et plus d’une collectivité sur cinq ne se prononce pas sur une éventuelle évolution des du profil des demandeurs au cours de cette période.

En résumé, la Drees observe que la crise sanitaire et ses conséquences sociales n’ont pas modifié significativement le recours au dispositif du FAJ, en revanche « les changements observés dans les types d’aides attribuées et le profil des bénéficiaires peuvent y être en partie liés ».

Etudes et Résultats Drees n° 1224 mars 2022