Selon l'Institut national d'études démographiques (Ined), la garde alternée est un arrangement qui peut faciliter le retour à l’emploi des mères notamment de celles sans activité professionnelle avant la séparation.

À partir d’un très grand échantillon de mères (60 700) âgées de 20 à 55 ans qui ont divorcé ou rompu un Pacs en 2009 et "qui ont été observées l’année précédente et suivante", des chercheurs* de l'Institut national d'études démographiques (Ined) ont mis en évidence que "le taux d'emploi des mères avec enfants en garde alternée est supérieur de 20 points à celui des mères qui en ont la garde principale". La différence atteint même 50 points de pourcentage pour les femmes qui ne travaillaient pas avant leur séparation. Elle est également particulièrement marquée (27 points) lorsque le plus jeune des enfants a moins de 3 ans.  

Les mères isolées avec de jeunes enfants constituent l’un des groupes les moins en emploi

Après une séparation des parents, la situation la plus fréquente est une résidence principale des enfants chez la mère, avec des visites régulières chez le père, les week-ends. Toutefois, la garde alternée s'est "démocratisée" ces dernières années, observe l'Ined, dans un communiqué en date du 20 octobre. Alors qu'elle était "initialement utilisée par un groupe restreint de parents socio-économiquement favorisés", la résidence alternée est pratiquée par des familles de plus en plus diverses. Ce type d'arrangement a donc beaucoup augmenté dans l'ensemble des pays de l'Europe du Nord et concernait, en France, selon les chiffres les plus récents (2012) plus d’un divorce sur cinq, deux fois plus que 10 ans auparavant. Selon les chiffres de l'Insee (Institut national de la statistique et des études économiques), en 2020, 480 000 enfants mineurs vivent en résidence alternée et passent donc la moitié du temps chez chaque parent. Plus d’un enfant sur dix dont les parents sont séparés est en résidence alternée.

"Les mères séparées et leurs enfants sont toujours confrontés à des risques plus élevés de pauvreté. […] Les mères isolées avec de jeunes enfants constituent l’un des groupes les moins en emploi. Le taux de chômage des mères isolées est deux fois plus élevé (17% en 2018) que celles en couple (8%)", observent les auteurs de l'étude. Ainsi, "les politiques favorisant un partage plus égalitaire des responsabilités parentales, comme le soutien à la résidence alternée, peuvent avoir des effets sur l'autonomie financière des femmes", ajoutent-ils. L'effet de telles politiques pourrait d'ailleurs se faire sentir aussi sur le "niveau de vie des enfants de familles monoparentales à court terme, et aussi, potentiellement, à long terme sur les droits à la retraite de ces mères", note l'Ined.

*Pour en savoir plus : Carole Bonnet, Bertrand Garbinti et Anne Solaz, Does Part‑Time Mothering Help Get a Job? The Role of Shared Custody in Women’s Employment, European Journal of Population