A l’occasion de la Journée mondiale de la santé mentale, le 10 octobre, l’UNICEF France et une douzaine d’associations cosignataires demandent dans une lettre ouverte à la Première ministre un plan interministériel sur la santé mentale des enfants et des jeunes.

« Le temps presse, mais les solutions existent ». L’UNICEF France et des associations partenaires appellent le gouvernement à « garantir » la tenue des Assises de la pédiatrie et de la santé de l’enfant - initialement prévues pour le printemps 2023 -, en ayant une « attention particulière » sur la santé mentale des enfants. « Le report systématique des Assises de la pédiatrie et de la santé de l’enfant depuis de nombreux mois nous inquiète et nous pose question. L’urgence de la situation n’est-elle pas flagrante ? », s'impatientent les signataires de la lettre ouverte adressée à Élisabeth Borne. « La santé mentale fait l’objet de communications sporadiques, et de mesures qu’il convient de souligner mais qui ne constituent pas la stratégie nationale ambitieuse ou le plan d’urgence dont les enfants ont absolument besoin », déplorent-ils.

"Nous n’avons plus le temps. Il en va de l’intérêt supérieur et du bon développement des enfants. Il en va également de la survie de la pédopsychiatrie publique."

L’agence onusienne et les associations soulignent qu’il existe « un consensus scientifique, médical et social sur les constats très inquiétants concernant l’état de santé mentale des enfants et des jeunes ». Pour illustrer l'urgence de la situation, les auteurs de la lettre ouverte égrènent les chiffres significatifs. « La crise du Covid-19 a exacerbé la détresse des jeunes et les chiffres sont sans appel : un jeune adulte sur cinq aurait vécu un épisode dépressif en 2021, soit une augmentation de près de 80% par rapport au niveau observé en 2017, et le nombre d'appels passés à SOS Amitié par des jeunes de moins de 14 ans en détresse a augmenté de 40% », rappellent-t-ils. Et de poursuivre : « Le taux de tentative de suicide des filles de 15 à 19 ans faisant partie des 25% les plus pauvres de la population est huit fois plus élevé que le taux observé pour les garçons du même âge appartenant aux 25% les plus aisés. À Mayotte, la dépression touche 26% des filles et 23% des garçons de 15 à 19 ans ».

Les alertes des professionnels (notamment de pédopsychiatres ou d'infirmières scolaires) se multiplient ces dernières années et confirment la nécessité d’une « réponse coordonnée », impliquant à la fois le médico-social, l’éducatif et d’autres secteurs pour contribuer à « la détection des troubles », ainsi qu' « au rétablissement des enfants » et à l’« accompagnement de leur famille ».

« Nous n’avons plus le temps. Il en va de l’intérêt supérieur et du bon développement des enfants. Il en va également de la survie de la pédopsychiatrie publique », mettent en garde l'UNICEF France et les associations qui réclament un plan interministériel sur la santé mentale des enfants et des jeunes.

« 10 mesures clés pour agir urgemment en faveur de la santé mentale des enfants »

L’UNICEF France et les associations cosignataires proposent au gouvernement « 10 mesures clés pour agir urgemment en faveur de la santé mentale des enfants » :

1.     Elaborer une stratégie nationale en faveur de la santé mentale des enfants et des jeunes ;

2.     Développer l’obtention de données détaillées sur la santé de l’enfant et de l’adolescent ;

3.     Augmenter les ressources allouées aux services de soins, en particulier la pédopsychiatrie, en prévoyant des financements pérennes à la hauteur des besoins ;

4.     Renforcer les dispositifs de prévention et de soutien à la parentalité et mettre en place des dispositifs de soutien aux aidants ;

5.     Mettre en place des campagnes de sensibilisation en faveur d’une vision positive de la santé mentale et promouvoir la santé mentale dans tous les espaces de vie des enfants ;

6.     Soutenir la coordination des différents corps de métiers contribuant au bien-être et au développement de l’enfant ;

7.     Renforcer les dispositifs d’"aller vers" les enfants les plus éloignés du système de prise en charge, notamment par le biais des équipes mobiles de pédopsychiatrie et de la médiation en santé ;

8.     Garantir une adaptation des stratégies nationales et des dispositifs de prise en charge en fonction des besoins de chaque territoire, en portant une attention spécifique sur les enfants des territoires d’Outre-mer ;

9.     Créer des dispositifs de participation des enfants et des jeunes dans leurs parcours de soins, mais aussi en concertation avec les proches/la famille des enfants et des jeunes ;

10.  Améliorer le dispositif "Mon soutien Psy" afin que les enfants, en particulier les plus vulnérables puissent en bénéficier.

« En mettant en place ces mesures, et en les inscrivant dans la tenue des Assises de la santé de l’enfant, il s’agira d’une première étape essentielle pour répondre aux enjeux actuels », insistent les associations.


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