Une étude de l'Inserm montre que fumer du cannabis altère la qualité du sommeil, plus spécifiquement chez les étudiants.

Dans une étude parue le 8 février dans la revue scientifique Psychiatry Research, des chercheurs de l'Inserm, rattachés au CHU et à l'Université de Bordeaux, ont démontré que la consommation de cannabis perturbe grandement les capacités d’endormissement des jeunes consommateurs.

L'étude a été menée auprès de 14 787 étudiants âgés entre 18 et 30 ans. Tous font partie de la cohorte i-Share, la plus grande étude scientifique jamais réalisée sur la santé des jeunes, dirigée par Christophe Tzourio, professeur d'épidémiologie et praticien hospitalier. Les étudiants ont répondu à un auto-questionnaire en ligne portant sur la fréquence de leur consommation de cannabis sur l’année écoulée d’une part (journalière, hebdomadaire, mensuelle ou plus rare/jamais), ainsi que sur la qualité de leur sommeil des trois derniers mois d’autre part, avec une question spécifique sur l’insomnie. D’autres questions portaient sur leurs caractéristiques sociodémographiques, habitudes de vie (consommation d’alcool ou de tabac) ou encore sur leur santé mentale.

"Ces résultats suggèrent l’importance de multiplier les messages de santé publique pour faire de la prévention"

Les résultats de cette étude mettent en évidence l’existence d’une association entre la consommation de cannabis et les troubles du sommeil, en particulier l’insomnie, chez les étudiants. La probabilité de souffrir d’insomnie serait supérieure de 45 % chez les consommateurs de cannabis par rapport aux non-consommateurs. Cette probabilité de souffrir d’insomnie est même deux fois plus élevée chez les consommateurs quotidiens de cannabis par rapport aux consommateurs occasionnels ou rares.

Si cette étude est la première à affirmer l’existence d’un lien entre consommation de cannabis et insomnie, les résultats se veulent toutefois prudents, et les chercheurs précisent qu’une « association » ne peut aujourd’hui être totalement avérée. « Bien que la causalité ne puisse pas être affirmée avec certitude, nuance Christophe Tzourio, co-auteur de l'étude, ces résultats suggèrent l’importance de multiplier les messages de santé publique pour faire de la prévention auprès des étudiants, mais aussi des professionnels de santé sur les dangers d’une consommation élevée de cannabis sur la santé des jeunes ».

D’après le baromètre de Santé publique France, le cannabis demeure de très loin le produit illicite le plus expérimenté en France : 13,9 % des 18-25 ans déclarent en consommer mensuellement, et 4 % de manière quotidienne.