Six organisations du secteur sanitaire, social et médico-social interpellent dans un courrier commun Elisabeth Borne, la Première ministre sur l'urgence d'engager une mesure pour « soutenir le pouvoir d'achat de l'ensemble des professionnels du secteur ».  

Elles n'ont pas perdu de temps car le secteur n'a plus de temps à perdre. Six fédérations du secteur sanitaire, social et médico-social (la CNAPE, la Croix-Rouge Française, la Fédération des acteurs de la solidarité, l'Uniopss, la Fehap et Nexem) ont déjà fait connaître leur cahier des doléances à Elisabeth Borne, la nouvelle Première ministre depuis le 16 mai.

Dans un courrier commun en date du 18 mai, les signataires rappellent le caractère « critique » du manque de salariés pour mener à bien les missions d’intérêt général qui caractérisent le secteur. Les associations saluent les avancées obtenues auprès du précédent locataire de Matignon, Jean Castex, à l’occasion de la Conférences des métiers des métiers de l'accompagnement social et médico-social du 18 février. « Le gouvernement a ainsi annoncé un engagement financier de compensation de la revalorisation des métiers de la filière socio-éducative, et d’appui à la transformation des conventions collectives du secteur, co-financés avec les conseils départementaux et conditionnées pour une part à l’aboutissement de la négociation entre partenaires sociaux », rappellent-t-elles.

"Pas de calendrier sur les moyens annoncés"

Cependant, les organisations déplorent que « des salariés indispensables à la tenue des missions, le plus souvent avec les rémunérations les plus faibles, demeurent encore oubliés ». Elles réclament également plus de visibilité sur la mise en œuvre effective des mesures. « En ce mois de mai 2022, nous n’avons pas de calendrier sur les moyens annoncés, qui n’ont pas été effectivement versés, imposant aux associations qui souhaitent anticiper les versements d’avancer les revalorisations sur leurs fonds propres, les fragilisant plus encore dans un moment de fortes tensions financières », s’inquiètent les six signataires du courrier interfédéral.

Un salaire net mensuel moyen inférieur de 25%

Les associations insistent sur la perte de pouvoir d’achat des professionnels du secteur dont le salaire net mensuel moyen est « environ de 25% » inférieur  au salaire net moyen des Français. Concernant le secteur public, elles souhaitent que la prime Ségur ne viennent accroître la différence de rémunération des professionnels «  qui, en dépit de statuts différents, remplissent des missions équivalentes ». Rappelons que les décrets qui actent l’extension de la revalorisation salariale de 183 euros nets par mois aux professionnels de la filière socio-éducative (agents publics titulaires et contractuels) ont été publiés au Journal officiel du 29 avril. Même s'il n'est pas signataire de ce courrier interfédéral, le Gepso (Groupe national des établissements publics sociaux et médico-sociaux)  réclame, lui-aussi, depuis plusieurs semaines, l'extension du Ségur à tous les personnels des établissements et services sociaux et médico-sociaux publics, et a lancé "l' appel des 100"  pour les derniers oubliés du Ségur déjà signé par plus de 3 600 professionnels.

« Madame la Première ministre, il y a urgence à soutenir tous les professionnels du secteur », clament les fédérations. Elles appellent Elisabeth Borne à mettre en oeuvre, « une mesure pour soutenir le pouvoir d'achat de l'ensemble des professionnels du secteur sanitaire, social et médico-social » et à revoir à la hausse les financements nécessaires à la conduite des politiques sociales.