Les statistiques sont claires : les enfants handicapés sont une cible privilégiée des agresseurs sexuels. Et pourtant, cette situation perdure, dénonce Marie Rabatel, dans une tribune.*
Les chiffres sont glaçants : un enfant handicapé est jusqu’à cinq fois plus exposé aux violences sexuelles qu’un enfant sans handicap. Neuf femmes autistes sur dix rapportent avoir subi des violences sexuelles, et près de la moitié avant l’âge de 14 ans. Pourtant, ces statistiques terrifiantes s’écrasent contre un mur d’apathie collective. Ensevelies sous un silence complice, ces révélations ne suscitent que trop rarement l’indignation qu’elles méritent. Ce silence n’est pas innocent. Il naît d’un mépris enraciné, de la lâcheté d’une société qui choisit délibérément de ne pas croire ces enfants. Leur parole est systématiquement mise en doute, comme si leur différence les rendait incapables d'exprimer la réalité de ce qu'ils subissent. Cette défiance repose sur des préjugés profondément ancrés.