Face à un recul inédit de la natalité et au vieillissement accéléré de la population, le gouvernement dévoile un plan en quatre axes. Objectif : lever les freins au désir d’enfant et amorcer un sursaut démographique, présenté comme urgent par Catherine Vautrin.

Le 22 juillet, Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités, a présenté un plan pour lutter contre la baisse de la natalité en France. Elle a qualifié la situation de « critique », soulignant que notre pays fait face à un vrai défi démographique.

Les chiffres sont inquiétants : en 2024, seulement 663 000 bébés sont nés, un chiffre jamais vu depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le taux de fécondité est à 1,62 enfant par femme, alors que le désir moyen est de 2,2 enfants. Parallèlement, la population vieillit rapidement : chaque jour, 2 400 personnes passent le cap des 60 ans, tandis que seulement 1 800 naissances sont enregistrées. Aujourd’hui, l’âge moyen des mères à l’accouchement est de 31,1 ans, contre 26,7 ans en 1975. Le rapport entre actifs et retraités a lui aussi chuté, passant de 4 pour 1 en 1960 à 1,7 aujourd’hui.

Pour répondre à ces constats, le gouvernement a dévoilé un plan en quatre volets principaux.

Lutter contre l’infertilité

Un programme dédié à la prévention et au suivi de l’infertilité va être lancé. Tous les assurés recevront un message d’information à 29 ans pour mieux comprendre les enjeux liés à la fertilité. Le plan s’appuie sur quatre points clés : prévention, diagnostic précoce, accès aux soins et soutien à la recherche. À partir de 2026, des plateformes régionales baptisées « Prévenir » seront mises en place.

Mieux comprendre la mortalité infantile

Face à la stagnation du taux de mortalité infantile depuis plus de dix ans, un registre national des causes de décès des enfants sera créé. Cet outil permettra de mieux analyser les facteurs en jeu et d’améliorer les politiques de santé publique.

Instaurer un congé de naissance

Le gouvernement souhaite créer un congé de naissance plus court, mieux rémunéré, que les deux parents pourront prendre successivement. Cette mesure devrait figurer dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026. L’objectif est d’offrir une alternative au congé parental actuel, jugé trop long, peu attractif et peu utilisé, surtout par les pères.

Valoriser la petite enfance

Enfin, le gouvernement entend rendre les métiers de la petite enfance plus attractifs et améliorer la qualité de l’accueil dans les structures. Les conditions de travail, les niveaux de formation et les modalités d’encadrement dans les crèches seront revus.

Cette politique s’inscrit dans la continuité des annonces faites par Emmanuel Macron en janvier 2024, qui avait parlé d’un « réarmement démographique » et appelé à une politique familiale ambitieuse. Il avait notamment évoqué la nécessité d’un congé de naissance plus attractif et une meilleure prise en compte des attentes des jeunes générations.

Dans son interview accordée à L’Express le 22 juillet, Catherine Vautrin confirme que le désir d’avoir des enfants reste fort, mais qu’il est freiné par des obstacles économiques, sociaux et médicaux. Elle insiste sur la nécessité d’adapter les mesures aux modes de vie actuels.

Le gouvernement prévoit de lancer les premières concertations dès cet automne, avec l’objectif d’intégrer ces mesures dans la loi de finances à partir de 2026.


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