Dans une tribune publiée dans Le Monde le 24 novembre, le collectif Pédopsy93, qui regroupe des psychiatres et de pédopsychiatres de Seine-Saint-Denis, dénonce le manque de moyens des soignants en pédopsychiatrie, qui contraint les professionnels à « trier des enfants ».

A l'instar de la Société française de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent et disciplines associées (SFPEADA), le 8 novembre (lire notre article), ce collectif qui regroupe des chefs de service de pédopsychiatrie et des médecins de centres médico-psychologiques de Seine-Saint-Denis alerte sur les risques de tri des jeunes patients, faute de moyens suffisants : « Qui prendre en soins lorsque l’on ne peut pas prendre tout le monde en soins ? Les enfants les plus gravement atteints, car ils n’ont pas d’autre lieu de soins que les nôtres ? Les adolescents suicidaires, car leurs vies sont menacées ? Les plus petits, car on aura plus de chances d’infléchir leur trajectoire développementale ? Les cas les plus "légers", car ils prendront moins de temps pour être soignés ? Bébés, enfants, ados ? », interrogent-ils, dans la tribune.

« Ce ne sont pas les professionnels qui "trient" mais la France qui trie ses enfants, et délaisse ceux du 93 »

L'association explique que le délai d'attente pour un premier rendez-vous atteint dix-huit mois dans les villes de Seine-Saint-Denis. Des délais d'accès aux soins très longs qui engendrent des effets délétères sur la santé des enfants et adolescents en souffrance. « Au rythme du développement de l’enfant, ces délais sont insupportables, et la plupart du temps, les difficultés se seront aggravées », peut-on lire dans la tribune. « La Seine-Saint-Denis (93), département de 1,6 million d’habitants, dont un tiers d’enfants et d’adolescents avec un rythme de naissances soutenu, est un des plus mal pourvus en moyens de soins psychiques pour ses plus jeunes. Les familles sont souvent pauvres et précaires, beaucoup de mères élèvent seules leurs enfants et sont isolées », rappelle le collectif.

Ce manque de moyens et ces conditions de travail déplorables mènent à l'épuisement les soignants. « L’empêchement de remplir les missions premières – accueillir, soigner et, si possible, prévenir – est la cause de l’épuisement des professionnels et d’une crise des vocations. Il est de plus en plus difficile de recruter des soignants pour la santé mentale des mineurs », poursuit Pédopsy 93.

« Ce ne sont pas les professionnels qui "trient" mais la France qui trie ses enfants, et délaisse ceux du 93 », critique le collectif de médecins.