Selon le baromètre Ipsos/Secours Populaire 2023 de la pauvreté et de la précarité, publié le 6 septembre, les privations atteignent un niveau record dans le pays.

Un Français sur deux déclare ne pas parvenir à mettre de l’argent de côté (53 %, +1 point par rapport à 2022) et, plus grave encore, près d’un sur cinq (18 %) vit à découvert, une proportion en hausse de 3 points sur l’année écoulée. « La situation est plus préoccupante que jamais de part l'intensité de la pauvreté et aussi à cause de l'ampleur de la population touchée », alerte l'association. Sur un an, selon l’estimation provisoire réalisée en fin de mois par l’Insee, les prix à la consommation seraient en hausse de 4,8 % en août 2023, après +4,3 % le mois précédent.

Le baromètre* nous apprend également que 60 % des Français estiment qu'au cours des trois dernières années leur pouvoir d'achat a diminué. « Les difficultés à assurer les dépenses courantes augmentent encore cette année et atteignent de nouveaux records », explique l’Institut Ipsos. Ainsi, 45% (+6 points en un an) des Français interrogés déclarent rencontrer des difficultés pour payer certains actes médicaux, 45% (+4 points) pour payer leurs dépenses d’énergies, 43% (+6 points) pour consommer des fruits et légumes frais. Un Français sur trois (32 %) n’est pas toujours en capacité de se procurer une alimentation saine en quantité suffisante pour manger trois repas par jour.

57% des foyers modestes ont du mal à se procurer une alimentation saine permettant de faire 3 repas par jour.

Tous ces chiffres atteignent des proportions particulièrement inquiétantes auprès des foyers les plus modestes. 63% des personnes dont le revenu mensuel net du foyer est inférieur à 1 200 € par mois déclarent avoir du mal à payer certains actes médicaux (+10 points en un an) et 57% (+10 points) à se procurer une alimentation saine permettant de faire 3 repas par jour.

« Nous sommes dans une situation où la question de la faim réintervient dans la vie quotidienne de millions de familles sur notre territoire », a déclaré, le 6 septembre, Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire sur l’antenne de franceinfo.

« Nous avions déjà une alerte l’année dernière. […] Que dans un pays comme la France, la question de la faim devienne une question majeure est, pour le Secours populaire, source de grande préoccupation », ajoute-t-elle.

Du côté des parents, la difficulté de répondre aux besoins de leurs enfants (fournitures scolaires, vêtements, cantine…) bondit de 4 points : près d’une famille sur deux (46 %) a du mal à intégrer ce type de frais dans son budget.

Le seuil de pauvreté subjectif à 1377 euros nets par mois


« Le seuil de pauvreté subjectif rattrape le SMIC », constate le Secours populaire. Face à la hausse des prix entamée en 2021, les Français placent toujours plus haut le seuil de pauvreté subjectif. Cette année, ils situent à 1 377 euros nets par mois, en moyenne, le revenu en dessous duquel une personne seule peut être considérée comme pauvre, c’est-à-dire qu’elle ne peut pas assurer ses « dépenses minimales de biens et services nécessaires pour (…) participe[r] de manière effective à la vie sociale (…) sans peur du lendemain », selon la définition du Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale (CNLE). « Ce chiffre est en hausse de 114 € en un an, soit la plus forte hausse de cet indicateur depuis le début du baromètre, se plaçant juste 6 euros sous la valeur mensuelle nette du SMIC, après sa revalorisation de 54 euros depuis septembre 2022 », note l'association.

*Le baromètre français de la pauvreté et de la précarité a été mené auprès de 996 personnes, constituant un échantillon représentatif de la population française âgée de 16 ans et plus. Elles ont été interrogées par téléphone les 17 et 18 juin 2023.