Santé publique France constate depuis le début de la crise sanitaire du Covid-19 « une altération de la santé mentale marquée par l'augmentation des idées suicidaires et des tentatives de suicide », en particulier chez les jeunes de 11 à 24 ans. Le point à l'occasion de la journée nationale dédiée à la prévention du suicide, ce 5 février.

Avec environ 9 000 décès annuels par suicide, la France présente l’un des taux de suicide les plus élevés d’Europe, malgré une baisse au cours des 20 dernières années. Selon la Haute Autorité de santé, le suicide représente la deuxième cause de mortalité chez les 15-24 ans après les accidents de la route et la 5ème cause de mortalité chez les moins de 13 ans

Hausse des idées et gestes suicidaires chez les 11-24 ans

Santé publique France constate une dégradation continue, depuis l'automne 2020, de la santé mentale des jeunes. « L’impact de la crise sanitaire est probable, mais d’autres causes potentielles de mal-être (telles que les difficultés économiques, la situation internationale ou les problèmes environnementaux) pourraient contribuer à une altération persistante de la santé mentale et au risque suicidaire », indique l'agence sanitaire.

Concernant en particulier les idées suicidaires prises en charge aux urgences, on note une augmentation du nombre annuel moyen de passages entre la période 2017 à 2019 et 2020-2021. Si toutes les classes d’âge sont concernées, la plus forte hausse était observée chez les jeunes de 11 à 24 ans avec +59,3%. Parmi eux, l’augmentation était nettement plus importante chez les filles (+71 %) que chez les garçons (+40 %), indique encore le rapport. Une tendance qui s'est poursuivie en 2021 et accentuée au cours du premier semestre 2022, même si, du moins jusqu'à mars 2021 (période étudiée), aucun retentissement n'a été observé sur la mortalité par suicide, celle-ci n'ayant pas augmenté. « Aucune augmentation de la mortalité par suicide en France, sur la base des données disponibles, n’est observée pendant la crise sanitaire jusqu’à mars 2021 selon une étude réalisée à partir des certificats de décès », note le rapport.

« S’il est crucial pour réduire le nombre de suicides et de tentatives de suicide d’intervenir à proximité des passages à l’acte, il est également essentiel d’intervenir en amont pour renforcer les facteurs de protection et prévenir les troubles et la souffrance psychique », explique Santé publique France. Dans cette optique, l'agence sanitaire oeuvre au développement des compétences psychosociales des enfants et au soutien à la parentalité (programme de Soutien au Famille et à la Parentalité, programme des 1000 premiers jours…) qui sont « des déterminants majeurs de la santé mentale des populations ».

« Si le mal-être actuel des jeunes est préoccupant, et doit faire l’objet d’interventions ciblées, il n’en demeure pas moins que la majorité des décès par suicide concernent les adultes de plus de 40 ans, majoritairement des hommes (trois fois plus que les femmes), sans oublier que, par classes d’âge, les taux pour 100 000 habitants les plus élevés de suicide sont constatés chez les seniors », rappelle le rapport de Santé publique France.

En plus du numéro national de prévention du suicide 3114 (accessible gratuitement 24h/24), deux autres numéros existent, ciblés sur les jeunes :

Fil Santé Jeunes - 0 800 235 236
Service d’écoute anonyme et gratuit pour les 12-25 sur les thèmes de la santé, de la sexualité, de l’amour, du mal être, etc.
Permanence d’écoute téléphonique tous les jours de 9h00 à 23h00.
Tchat individuel ouvert tous les jours de 9h00 à 22h00.

Nightline : liste des numéros par ville à consulter ici
Cette ligne d’écoute PAR et POUR les étudiants propose en ligne un « kit de survie » comprenant par exemple un outil d’aide à l’écriture d’un message pour dire à un proche qu’on va mal : Kit de (sur)vie : les bons outils pour ma santé mentale (lire notre article).

VigilanS, dispositif de prévention de la récidive suicidaire
En France, le dispositif de veille post-hospitalière pour les suicidants, VigilanS, a pour objectif de réduire le risque de suicide en organisant, à la sortie d'un service de soins, un maintien du contact et un suivi des personnes ayant commis une tentative de suicide. Le risque de récidive dans l’année qui suit le passage à l’acte est évalué entre 10 et 20 % et varie de 30 à 50 % chez les adolescents. Depuis septembre 2022, VigilanS est déployé dans 17 régions dont 4 régions d’Outre-mer.

Les Maisons des adolescents proposent un accueil et des prises en charge, notamment en cas de souffrance en lien avec la santé ou l’orientation sexuelle : Trouver une MDA.
Idées suicidaires chez l’enfant et l’adolescent : repérer, évaluer et orienter la prise en charge

Les professionnels en contact quotidien avec des enfants et adolescents se posent de nombreuses questions concernant les idées suicidaires : quels sont les principes généraux pour le repérage, la prise en charge et le suivi ? Comment repérer et évaluer les idées suicidaires ? Comment prévenir le passage à l’acte ?

La Haute Autorité de Santé a publié, en septembre 2021, des recommandations de bonne pratique pour les professionnels de première ligne chargés de repérer, évaluer et orienter les enfants et adolescents pouvant présenter un risque suicidaire à court, moyen ou long terme.