L’Ufnafaam sonne l’alarme face à la baisse inquiétante du nombre d’assistantes maternelles. Sa porte-parole, Sandra Onyszko, accuse le gouvernement d’abandonner ce maillon essentiel de la petite enfance, au détriment des familles comme des professionnelles, par une politique d’inaction coupable.
L’Union française des associations des assistantes maternelles et des accueillants familiaux (Ufnafaam) tire la sonnette d’alarme face à une crise majeure et persistante qui fragilise profondément le secteur de la petite enfance en France. Alors que la demande d’accueil des jeunes enfants ne cesse d’augmenter, l’organisation dénonce l’inaction de Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles, qu’elle accuse de sacrifier l’accueil individuel au profit d’un désintérêt inquiétant.
« On assiste à une désaffection organisée, symptomatique d’un manque de volonté politique et d’un certain dédain pour les assistantes maternelles », déplore Sandra Onyszko, porte-parole de l’Ufnafaam, dans un point de vue publié sur LinkedIn. Cette réalité se traduit par une diminution continue du nombre d’assistantes maternelles, ces professionnelles qui accueillent chaque jour, à leur domicile, plusieurs centaines de milliers d’enfants. Pourtant, ce mode d’accueil individuel reste un maillon essentiel du dispositif éducatif et social, apprécié pour sa proximité, sa flexibilité et sa capacité à s’adapter aux besoins spécifiques des familles.
La situation s’avère d’autant plus préoccupante que la pyramide des âges au sein de cette profession est fortement déséquilibrée : dans moins de six ans, une assistante maternelle sur quatre prendra sa retraite, soit environ 100 000 professionnelles en moins. « Cette baisse inévitable va forcément réduire le nombre total de places d’accueil disponibles », prévient Sandra Onyszko. L’Ufnafaam craint que ce déficit ne soit pas compensé par le développement des micro-crèches ou des structures collectives, souvent moins accessibles géographiquement ou financièrement pour certaines familles.
Ce constat alarmant n’a pas conduit le gouvernement à modifier sa stratégie, qui privilégie la création de places en crèches collectives et micro-crèches, avec la promesse de 200 000 places supplémentaires, dont seulement la moitié en accueil individuel. Pour l’Ufnafaam, il s’agit d’un « mauvais calcul » qui ne prend pas en compte l’effondrement imminent des places offertes par les assistantes maternelles. Ce déséquilibre risque aussi d’aggraver les inégalités territoriales et sociales, laissant de nombreuses familles sans solution adaptée à proximité de leur domicile.
« La parole publique, si prometteuse à l’arrivée de Catherine Vautrin, n’a pas été suivie d’effets. La déception s’est transformée en colère, puis en résignation »
Au-delà des chiffres, l’Ufnafaam met en lumière les causes profondes de cette crise. Le métier d’assistante maternelle souffre d’un déficit chronique de reconnaissance sociale et institutionnelle. Les professionnelles doivent en outre composer avec une complexification constante des tâches administratives, une stagnation des rémunérations et un manque de perspectives d’évolution de carrière. « Le manque de reconnaissance, l’absence d’accompagnement, la complexification des tâches administratives, la stagnation des rémunérations et l’absence de perspectives d’évolution épuisent les assistantes maternelles », souligne Sandra Onyszko. Ce cumul de difficultés décourage les nouvelles recrues et pousse les plus expérimentées à quitter la profession, fragilisant ainsi un secteur pourtant indispensable.
La réponse politique reste insuffisante. « Il n’y a ni plan de revalorisation digne de ce nom, ni mesures structurelles pour alléger la charge des assistantes maternelles, ni reconnaissance réelle de leur rôle fondamental », regrette l’Ufnafaam. Cette inertie pèse lourdement sur les familles, déjà confrontées à des difficultés pour trouver un mode d’accueil adapté. Or, le seul développement de l’accueil collectif ne saurait répondre à la demande ni aux spécificités locales.
Face à cette situation, l’Ufnafaam appelle à une véritable stratégie politique à long terme. « La parole publique, si prometteuse à l’arrivée de Catherine Vautrin, n’a pas été suivie d’effets. La déception s’est transformée en colère, puis en résignation », conclut Sandra Onyszko. L’organisation insiste sur la nécessité de replacer l’humain au cœur des politiques familiales, en soutenant concrètement les assistantes maternelles par des mesures adaptées : revalorisation salariale, simplification administrative, formation renforcée et accompagnement personnalisé.
Pour l’Ufnafaam, le temps presse : sans mesures urgentes, le système d’accueil individuel risque de s’effondrer, privant des milliers de familles d’un pilier essentiel du lien social et de la qualité d’accueil des jeunes enfants en France. Cette crise silencieuse, si elle n’est pas prise à bras-le-corps, pourrait avoir des conséquences durables pour le tissu social et éducatif national.
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