Chaque année, en France, 10% des enfants naissent avec un trouble du neurodéveloppement. Fort de ce constat, l'Académie nationale de médecine formule des recommandations pour prévenir cet handicap chez le jeune enfant.

Troubles sensoriels, neuro-visuels, de la motricité, du langage ou des fonctions intellectuelles ; autisme ; trouble de l’attention-concentration, des apprentissages ou du comportement : plus de 10% des nouveau-nés sont touchés par un trouble du neurodéveloppement, rappelle l'Académie de médecine, dans un communiqué de presse en date du 29 juin.

Les Sages rappellent que les "1000 premiers jours", période de plasticité cérébrale maximale du jeune enfant, est une fenêtre d'intervention pour le repérage précoce des TND et l’instauration d’interventions. « Selon les recommandations internationales, dès que des indices "de risque de TND" sont objectivés, les praticiens doivent mettre en œuvre, sans attendre le diagnostic formel, un projet global d’intervention adapté personnalisé », rappelle le communiqué.

Valoriser et placer les parents au cœur de la prise en charge de leur enfant

Il est donc fondamental de repérer précocement un écart dans la trajectoire développementale, afin de mettre en place le plus vite possible des interventions préventives ou thérapeutiques et une guidance parentale, insiste l'Académie de médecine.  Elle souligne la nécessité de valoriser et placer les parents au cœur de la prise en charge de leur enfant. « Un équilibre entre la prise en charge individuelle par la famille et l’inclusion de l’enfant dans un groupe de pairs (accueil chez une assistante maternelle, en crèche ou en halte-garderie puis, à l’école maternelle, avec des professionnels de la petite enfance dûment formés) est source de progrès ».

Afin de consolider et d’amplifier les pratiques de diagnostic, d’intervention et de rééducation précoces, mais aussi de prévention en santé du neurodéveloppement du jeune enfant, les Sages de l'Académie de médecine formulent plusieurs recommandations :

- former des professionnels de santé et de l’éducation du jeune enfant aux nouvelles connaissances neurodéveloppementales, aux repérages et aux pratiques recommandées ;

- informer, guider et accompagner les parents partenaires du soin et les aidants, et prévenir les ruptures de parcours de soins en favorisant les liens entre la famille et les autres acteurs de la santé de l’enfant ;

- pérenniser les réseaux de suivi des nouveau-nés vulnérables, y compris les nouveau-nés prématurés à très haut risque de TND ;

- augmenter le nombre de places dans les structures d’accueil collectif ;

- garantir l’accessibilité rapide aux soins en renforçant, notamment, les nouvelles plateformes de coordination et d’orientation TND, les centres d’action médico-sociale précoce (CAMSP) et autres structures sanitaires et médico-sociales d’intervention précoce ;

- accélérer les recherches en neurosciences biologiques et cognitives, en priorisant les études sur la fenêtre développementale de plasticité cérébrale maximale des 1000 premiers jours

Cette position de l'Académie de médecine rejoint les recommandations de bonne pratiques, publiées en mars 2020, par la Haute Autorité de santé (HAS) visant à d’harmoniser les pratiques de repérage et d’orientation des enfants ayant un TND dans une population à risque entre 0 et 7 ans.

Pour rappel, le Conseil d’État a rendu, le 17 juin, un avis rejetant l’ensemble des requêtes déposées par différents représentants des psychologues qui demandaient à élargir le champ des interventions au sein des plateformes de repérage et d'intervention précoce TND. Plusieurs associations professionnelles de psychologues et un syndicat sollicitaient « davantage de liberté quant aux méthodes de prise en charge des enfants susceptibles de présenter un TND ». Une demande rejetée par le Conseil d’État qui « conforte ainsi le fonctionnement des dispositifs de repérage et d’interventions précoces ».