Un guide de l’Ansa propose des clés concrètes pour faire de la voix des enfants de l’ASE un véritable levier de changement dans les pratiques et les décisions.

Comment faire en sorte que la parole des enfants confiés à l’aide sociale à l’enfance (ASE) ne soit plus seulement écoutée, mais qu’elle pèse vraiment sur les décisions ? C’est la question au cœur du guide « Concevoir et animer la participation collective des enfants et des jeunes protégés », publié par l’Agence nouvelle des solidarités actives (ANSA) avec la Direction générale de la cohésion sociale (DGCS). Objectif : aider les acteurs du secteur à transformer cette parole en un véritable levier de changement.

Pensé comme un mode d’emploi, ce guide décortique les bases juridiques de la participation et explique comment créer les conditions d’une parole prise au sérieux. Il donne des idées concrètes pour organiser des temps d’échanges, recueillir l’avis des enfants et surtout, l’intégrer dans les décisions. Loin d’être théorique, il s’appuie sur des expériences très concrètes : création de conseils d’enfants, co-construction d’outils numériques avec des jeunes majeurs ou encore groupes d’expression pour repenser l’accompagnement.

Les chiffres montrent que les choses bougent : 30 départements sont aujourd’hui engagés dans des démarches de participation collective, contre seulement 2 en 2016, et 28 Observatoires départementaux de la protection de l’enfance soutiennent ce mouvement.

Pour les jeunes, ces initiatives sont un moyen de s’exprimer, de se sentir écoutés et de devenir acteurs de leur parcours. Pour les équipes, c’est une occasion d’adapter leurs pratiques aux attentes réelles. Et pour les institutions, c’est une façon d’innover et de construire des politiques plus proches du vécu des enfants.

Le CVS dans la protection de l’enfance

Dans le champ de la protection de l’enfance, le Conseil de la vie sociale (CVS) constitue un espace privilégié pour faire entendre la voix des enfants et des jeunes accompagnés. Sa mise en place n’est obligatoire que dans certains établissements accueillant des enfants de plus de 11 ans. Pour tous les autres établissements et services, il n’existe aucune obligation légale, mais la loi prévoit qu’ils mettent en place d’autres formes de participation, comme des groupes d’expression ou des temps de consultation. Cette absence d’obligation contribue à des pratiques très disparates. Selon une enquête menée par l’Ansa en 2020, 50 % des établissements de protection de l’enfance déclaraient avoir mis en place un CVS, tandis que 90 % proposaient d’autres espaces d’expression collective. L’instance restait absente dans 47 % des Maisons d’enfants à caractère social (MECS) et dans 79 % des foyers d’accueil d’urgence, souvent freinée par un cadre perçu comme trop rigide ou un format jugé peu attractif par les jeunes.

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