La ministre chargée de l'Enfance Sarah El Haïry annonce la reprise des travaux de la Commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise) sous l’égide d’une gouvernance collégiale.

Après une série de déboires depuis début 2024, les travaux de la Ciivise reprennent sous l’égide d’un collège directeur composé de quatre membres, qui succèdent au juge Édouard Durand et à Sébastien Boueihl. Ce quatuor sera composé de Maryse Le Men Régnier, ex-magistrate et présidente de la Fédération France Victimes, Thierry Baubet, chef du service de psychopathologie de l’enfant à l’hôpital Avicenne à Bobigny, Solène Podevin, présidente de Face à l’inceste, et Bruno Questel, ancien député de l’Eure et maire de Bourgtheroulde, lui-même victime d’un viol étant enfant. « Cette gouvernance collégiale témoigne de la nécessité, pour appréhender cette réalité douloureuse, mais aussi complexe et multiforme que constituent l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants, de croiser les points de vue et de faire circuler la réflexion entre des compétences et expertises multiples et complémentaires », explique, dans un communiqué, la ministre déléguée chargée de l’Enfance, de la Jeunesse et des Familles.

« Les violences sexuelles sur mineurs touchent une personne sur dix. Ce n'est pas l'affaire de quelques-uns, mais l'affaire de nous tous », déclare Sarah El Haïry, dans un communiqué. « J’installe aujourd’hui une gouvernance renouvelée, chargée de deux missions, au-delà de l’accueil de la parole des victimes qui sera poursuivi et amplifié », ajoute-t-elle. « D’abord, faire de tous les lieux de vie des enfants des lieux sûrs. Ensuite, construire une chaîne de protection solide de tous les enfants par tous les adultes ».

La Ciivise est dotée d’une nouvelle feuille de route. Elle est chargée :

  • D’accompagner la mise en œuvre de ses recommandations déjà émises ou de celles qu’elle émettra dans les prochains mois, en portant une attention particulière notamment aux enfants victimes en situation de handicap, qui constituent un public particulièrement vulnérable exposé aux violences sexuelles ;
  • De faire de tous les lieux de vie et de socialisation des enfants des lieux sûrs à l’égard du risque de violences sexuelles,
  • De préparer la formation de tous les professionnels au contact des enfants aux réflexes et gestes les plus protecteurs et à la vigilance, et ainsi construire une chaîne solide de protection par tous les adultes,
  • Et d’accompagner la bascule de notre société vers une nouvelle ère, où la prévention, la protection, l’accueil, l’accompagnement et la prise en charge des enfants victimes et des victimes devenues adultes sont l’affaire non de quelques-uns mais bien de tous.

« La priorité sera désormais de mettre en œuvre les recommandations déjà faites et d’aller encore plus loin, en explorant l’ensemble des questions restant à soulever pour protéger tous les enfants de toutes les violences sexuelles », souligne la ministre.

Lancée en mars 2021, dans le sillage de la publication du livre de Camille Kouchner, « La Familia grande », la Ciivise a recueilli près de 30 000 témoignages et émis 82 recommandations.