Dans une lettre ouverte publiée dans Ouest France, Jean-Marie Dru et Adeline Hazan, président et vice-présidente de l’UNICEF France appellent Emmanuel Macron nouvellement réélu à la tête de l'Etat "à tendre la main à la jeunesse et à lui envoyer des signaux forts tels que la création d’un ministère de l’Enfance et de la Jeunesse."

Monsieur le Président de la République,

Alors que vous venez d’être élu pour cinq années supplémentaires aux plus hautes fonctions, les regards et les discussions sont d’ores et déjà tournés vers la future composition du premier gouvernement de ce nouveau mandat. Pendant l’entre-deux-tours et lors de votre discours de victoire, vous avez annoncé de nombreuses évolutions, « une méthode refondée » et que nul ne serait laissé au bord du chemin. C’est pourquoi dans ce contexte de remaniement, nous vous demandons de ne laisser aucun enfant ni jeune au bord du chemin, et de prendre pour point de départ de ce nouveau mandat la création d’un Ministère de l’enfance et de la jeunesse*.

Les enfants sont 15 millions en France, soit un cinquième de la population et pourtant aucun ministre de plein exercice ne les représente à ce jour. Aucune politique publique globale, transversale et cohérente n’existe aujourd’hui. Alors que les enfants ne sont pas seulement l’avenir de notre pays et de notre planète, ils en sont aussi le présent, il nous semble urgent de leur donner toute leur place.

Il est grand temps que les enfants et les jeunes comptent davantage dans notre vie politique. Or, cette élection montre une nouvelle fois le divorce entres les jeunes et la politique. Selon une étude récente** , plus du tiers d’un panel de 8 000 jeunes se range derrière l’affirmation que « voter ne sert pas à grand-chose car les responsables ne tiennent pas compte de la volonté du peuple ». D’ailleurs, le 10 avril dernier, 4 jeunes sur 10 ne se sont pas déplacés aux urnes. Les enfants et les jeunes ont besoin d’un message fort.

Il est du devoir des responsables politiques de prouver aux enfants et aux jeunes que la politique peut encore quelque chose pour eux, mais aussi qu’elle leur accorde de l’importance, qu’elle leur fait une place. Pour cela, il nous semble crucial de renforcer la participation des enfants et des jeunes et de prendre en compte leur contribution, y compris dans les nouvelles instances de participation citoyenne que vous évoquez. Le Ministère de l’enfance et de la jeunesse tel que le propose l’UNICEF et la trentaine d’organisations réunies au sein de la Dynamique de la Convention aux actes, aurait aussi ce rôle.

Vous avez annoncé que la protection des enfants sera la deuxième grande cause de ce quinquennat. C’est une excellente nouvelle car la tâche est colossale. Certaines des violences sont « nouvelles », notamment le cyber harcèlement ou l’exposition à des contenus inadaptés en ligne. D’autres violences sont plus latentes, et doivent être combattues : lutte contre les violences sexuelles et intrafamiliales, amélioration de l’aide sociale à l’enfance. Pour autant, la protection des enfants face aux violences ne saurait résumer l’ensemble des besoins des enfants, tant les besoins sont nombreux à ces périodes charnières : apprentissage, sociabilité, santé, lutte contre la pauvreté…

Monsieur le Président de la République, plusieurs avancées ont été permises depuis 2019 par la nomination d’un Secrétaire d’Etat en charge de  la protection des enfants. Avec la Dynamique de la Convention Aux Actes, nous vous appelons désormais à aller plus loin et à proposer un Ministère de plein droit en charge de l’enfance et la jeunesse, capable de penser une stratégie ambitieuse et globale pour (et avec) les enfants et les jeunes.

Jean-Marie DRU, Président de l’UNICEF France
Adeline HAZAN, Vice-Présidente de l’UNICEF France