La congrégation Notre-Dame de Charité du Bon Pasteur a annoncé, le 9 décembre dans un communiqué, le lancement d'une commission indépendante chargée d'examiner les signalements de maltraitances sur d'anciennes pensionnaires de maisons d'éducation administrées par les religieuses.

La commission indépendante sera installée le 14 décembre pour "faire la lumière sur des défaillances" révélées par d'anciennes pensionnaires de maisons d'éducation tenues par des religieuses. La congrégation se dit « attachée au droit de savoir » et a fait appel à  Christian Philip, l’ancien recteur d’académie pour présider cette commission. Celui-ci s’est entouré d’anciens magistrats, juge des enfants, préfet et responsable des archives pour mener ce travail de mémoire.
Les travaux devraient durer 10 mois.

La congrégation de Notre-Dame de Charité du Bon Pasteur est fondée à Angers en 1829, avec pour mission d’accueillir les jeunes femmes en détresse – celles que l’on qualifie de "filles perdues", de "filles-mères" ou encore de "mauvaises filles". Implanté sur tout le territoire français, Le Bon Pasteur joue un rôle important à partir de l’ordonnance du 2 février 1945 qui établit la justice des mineurs.

Les faits dénoncés auraient eu lieu entre 1950 et les années 1970. A cette période, des jeunes filles mineures avaient été placées dans ces établissements, appelés communément maisons de correction, par le juge des enfants ou l'aide sociale à l'enfance. « À cette époque, le ministère de la Justice souhaitait trouver un moyen d’éviter la prison ou des conditions de vie très difficiles pour des jeunes dits délinquants », indique le communiqué.

En 2020, l’association "Les filles du Bon Pasteur" a été fondée par d’anciennes pensionnaires pour dénoncer des maltraitances subies dans ces établissements. Elles demandent réparation auprès de l'institution et de l'État, même si les faits sont prescrits.

Notre-Dame de Charité du Bon Pasteur est au cœur du film documentaire, «Mauvaises Filles»,  d'Emerance Dubas sorti en salles le 23 novembre. Ce film revient sur l'histoire des maisons de corrections pour les filles, enfants et adolescentes, jugées "déviantes" par la société, à travers le parcours et les errances de quatre d'entre elles, Édith, Michèle, Éveline et Fabienne.  

La genèse du projet provient de la rencontre Emerance Dubas avec l’historienne Véronique Blanchard. Sa thèse de doctorat "Mauvaises filles : portraits de la déviance féminine juvénile" (1945-1958) publiée en 2019 sous le titre Vagabondes, voleuses, vicieuses est la source de ce documentaire.