L’âge de la première expérimentation d’alcool, tabac et cannabis recule chez les adolescents.

En 2022, les expérimentations de tabac et d’alcool, et dans une moindre mesure de cannabis, s’amorcent toujours au cours des premières années du collège, malgré le recul important des âges d’initiation. L'ensemble des niveaux d'usages de substances est en baisse en 2022 par rapport à 2018, selon la deuxième édition de l'enquête nationale EnCLASS, menée par l'OFDT (Observatoire français des drogues et des tendances addictives) à laquelle ont participé plus de 9 500 collégiens et lycéens*.

En 2022, 43,4% des collégiens déclarent avoir expérimenté l'alcool contre 60% quatre ans plus tôt, 11,4% contre 21,2% disent avoir expérimenté la cigarette et 5,3% contre 6,7% le cannabis.

« Les résultats sont globalement encourageants », déclare, le 25 janvier, Guillaume Airagnes, directeur de l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) au cours d’une présentation à la presse d’une enquête sur l’usage de substances psychoactives chez les collégiens et lycéens.

En classe de 6e, 26,9 % des élèves déclarent avoir déjà consommé de l’alcool, cette expérimentation ayant pu avoir lieu dès l’école primaire.

Si l’on observe une baisse continue des usages de drogues à l’adolescence, la consommation de boissons alcoolisées reste néanmoins, en 2022, largement partagée par les adolescents. Un collégien sur dix a déjà été ivre, et ce sans distinction selon le sexe. « En classe de 6e, 26,9 % des élèves déclarent avoir déjà consommé de l’alcool, cette expérimentation ayant pu avoir lieu dès l’école primaire. Elle augmente continuellement au cours de la scolarité jusqu’à concerner près des trois quarts des élèves de terminale (73,9 %) », indique l'Observatoire. L'enquête note que 34,5 % des lycéens déclarent avoir été concernés par des épisodes d'alcoolisation ponctuelle importante (API). Nicolas Prisse, président de la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca), s'inquiète du fait que les jeunes s'initient à l'alcool en famille et appelle à « s'attaquer » à ce problème (lire notre article). « On se réjouit pour l’alcool, mais tout n’est pas réglé », avertit Stanislas Spilka, responsable de l’unité data de l’OFDT. « Il y a une alcoolisation ponctuelle importante, cinq verres pour la même occasion. Ils sont moins nombreux à boire, mais quand ils boivent, ils boivent de cette manière-là, un comportement qui reste dangereux », poursuit-il.

« La perspective d'une génération sans tabac est quasi atteignable »

L'expérimentation du tabac a nettement chuté chez les collégiens, de 21,2 % à 11,4 % en quatre ans, et de 53 % à 34 % chez les lycéens. Elle reste rare en 6e, avec seulement 4,6 % des élèves déclarant avoir déjà essayé la cigarette. L’expérimentation de la cigarette augmente ensuite de manière constante durant tout le collège, pour connaître une hausse notable lors de l’entrée au lycée, passant de 18,8 % en classe de 3e à 30,0 % en classe de 2nde, soit une progression relative de 60 %. La consommation quotidienne de la cigarette connaît également un accroissement tout au long de la scolarité, passant de 1,5 % parmi les élèves de 3e à 8,2 % parmi ceux de terminale. « La perspective d'une génération sans tabac est quasi atteignable », augure Stanislas Spilka.

L'OFDT note toutefois un usage en hausse de la cigarette électronique (de 2,8 à 3,8 %). Son utilisation quotidienne dépasse ainsi, pour la première fois, celle de la cigarette.

Autre constat : la diffusion du cannabis est plus tardive et reste limitée durant le collège : 3,5 % des élèves de 4e et 7,0 % des élèves de 3e disent l’avoir expérimenté. Au lycée, 22,5 % déclarent en avoir consommé en 2022 contre 33,1 % en 2018. Sur une période plus longue, depuis 2010, la consommation de substances a connu une importante diminution qui s'est accentuée ces dernières années en raison au Covid.

Sur une période plus longue, depuis 2010, la consommation de substances a connu une importante diminution qui s'est accentuée ces dernières années en raison au Covid. « La rupture de la sociabilité a stoppé les expérimentations », explique le responsable de l’unité data de l’OFDT.

Et même si tous constatent la dégradation de la santé mentale des adolescents depuis la crise sanitaire, « on n'a pas identifié un produit ou un comportement de consommation particulier qui viendrait compenser ces baisses massives de consommation des substances psychoactives », assure l'expert interrogé par l'AFP. « On observe un certain nombre de comportements concernant les jeux de hasard ou les jeux vidéo et on n'a pas vu pour l'instant de transfert, en tout cas sur ces deux axes-là », ajoute-t-il. Même constat chez Nicolas Prisse. « Je ne crois pas qu’on puisse dire que ça cache d’autres addictions, on le verrait », explique-t-il. « La question qu’on peut se poser : est-ce que c’est un phénomène très durable ? Seul l’avenir nous le dira », conclut-il.

(avec AFP)


*Entre mars et juin 2022, 9 566 élèves du secondaire ont complété un questionnaire anonyme sur leur santé et leurs éventuelles consommations de tabac, d’alcool – et pour les plus âgés, également sur leurs consommations de cannabis et autres drogues illicites comme la cocaïne, l’ecstasy ou l’héroïne