Mises en ligne le 19 décembre, les données définitives de la Drees confirment une hausse de 1,6 % du nombre de mesures de l'aide sociale à l’enfance (ASE) en 2024. Une progression plus modérée qu’en 2023, mais inscrite dans une dynamique de fond, indépendante de la démographie.
Fin 2024, 405 500 mesures de l'aide sociale à l’enfance (ASE) sont en cours en France. Sur un an, le chiffre progresse de 1,6 %, légèrement au-dessus des premières estimations publiées en septembre, qui faisaient état d’une hausse de 1,4 %. L’écart est limité, mais il confirme une tendance nette.
En 2024, ce n’est pas seulement le niveau de prise en charge qui se stabilise. Le nombre de mesures continue bien d’augmenter, alors même que la population des moins de 21 ans recule. Lors de la présentation des données provisoires en septembre, Tedjani Tarayoun, chargé d’études à la Drees, rappelait que cette hausse devait être lue à l’aune d’une population « qui diminue de 0,7 % ». Sur le temps long, le décalage est encore plus net. Depuis 2004, « le nombre de mesures a augmenté de 44 % », tandis que la population des moins de 21 ans a baissé de 1,8 % sur la même période.
L’accueil progresse, la prévention décroche
La structure des mesures de l’aide sociale à l’enfance apparaît stable en apparence, mais elle recouvre des évolutions marquées. Les mesures d’accueil représentent toujours un peu plus de la moitié des situations, entre 55 % et 56 %, et concernent environ 224 600 à 224 700 mineurs et jeunes majeurs. Les actions éducatives exercées auprès du jeune ou de sa famille regroupent, elles, 44 % à 45 % des mesures, pour environ 180 800 enfants et jeunes. La Drees souligne que « certains d’entre eux bénéficient aussi d’une mesure d’accueil », révélant des parcours de plus en plus imbriqués.
Derrière l’accent mis sur la prévention dans les discours publics, ce sont pourtant les mesures d’accueil qui tirent l’évolution d’ensemble. Depuis 2016, elles concentrent « 80 % de la hausse totale du nombre de mesures ».
Parallèlement, la place de l’accueil familial continue de se réduire. Après un pic à 56 % en 2006, sa part recule presque sans interruption depuis 2008. Fin 2024, 35 % des enfants et des jeunes confiés à l’ASE sont accueillis chez une assistante familiale, contre 38 % en 2022. À l’inverse, l’accueil en établissement s’impose désormais comme la modalité dominante et concerne « 40 % des jeunes confiés ». Les autres formes d’accueil progressent également. Hébergement autonome, placement à domicile ou situations d’« attente d’un lieu d’accueil » regroupent désormais un quart des enfants et des jeunes suivis par l’ASE.
La hausse portée par les jeunes majeurs et les MNA
En 2024, la hausse des mesures de l’ASE reste portée par les jeunes majeurs. Les données définitives de la Drees confirment la progression de l’accueil provisoire jeune majeur.
Fin 2024, 32 600 jeunes majeurs bénéficient d’un APJM, soit une augmentation de 6,5 % en un an. Ce niveau est légèrement supérieur aux estimations provisoires, qui faisaient état de 32 200 bénéficiaires, même si la progression apparaît moins rapide qu’en 2023. Cette dynamique s’inscrit dans la continuité des années précédentes. Elle est présentée comme « la suite logique de l’augmentation du nombre de mineurs accueillis ces dernières années », en particulier des mineurs non accompagnés (MNA).
Depuis 2015, les MNA seraient à l’origine de « 42 % de la hausse du nombre de mineurs accueillis à l’ASE ». En 2024, leur nombre recule toutefois de « 2,6 % » à « 2,7 % » selon les périmètres, hors Mayotte, tandis que le nombre de jeunes majeurs anciennement MNA continue d’augmenter fortement, de « 8,9 % ».
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