En amont de la Journée internationale de l'autisme du 2 avril, la France lance la "cohorte Marianne". Objectif : suivre 1 700 familles pendant 10 ans afin de préciser le rôle des facteurs environnementaux dans l’autisme.

Pollution, pesticides, médicaments, perturbateurs endocriniens… Quel est le rôle des facteurs environnementaux dans l'autisme et les troubles du neuro-développement ? Pour tenter de répondre à cette question, le gouvernement lance une vaste étude auprès de 1 700 familles, qui seront suivies pendant dix ans (lire notre article).

Une prévalence en hausse

Le taux de prévalence des troubles du spectre autistique (TSA) est estimé à 2 % des naissances, en augmentation dans les pays occidentaux, selon la délégation interministérielle à la stratégie nationale pour l'autisme. Et un enfant sur six présente un trouble du neuro-développement (TND), selon le ministère chargé des Personnes handicapées.

« Les progrès du dépistage n'expliquent qu'en partie cette hausse. Des facteurs environnementaux - alimentation, mode de vie, pollution, médicaments… - pourraient contribuer à l'augmentation de la prévalence de ces troubles », indiquait cette semaine la déléguée interministérielle à l'Autisme, Claire Compagnon, devant l'Académie de médecine.

Pour y voir plus clair, les ministères de la Recherche et des Personnes handicapées lance "cohorte Marianne", un dispositif de suivi pendant dix ans de 1 700 familles. Cette annonce intervient à l'occasion de la Journée internationale de l'autisme le 2 avril. La "cohorte Marianne" a pour but de suivre, dès la grossesse, 1 200 enfants à risque de trouble du spectre de l’autisme et d’autres troubles du neuro-développement et 500 enfants de la population générale, « afin de recueillir d’importantes informations sur le développement cognitif, physique et biologique, la santé et les expositions à l’environnement».

Hôpitaux, services sociaux, associations vont recruter des mères au deuxième trimestre de grossesse, dont 1 200 qui ont déjà un enfant autiste, dans dix départements (Eure, Gard, Haute-Garonne, Hérault, Loire, Nord, Rhône, Seine-Maritime, Tarn et Tarn-et-Garonne).

Au fil des années seront effectués des prélèvements biologiques, observations pédiatriques et suivi des problématiques de santé et sociales.

Les 1 000 premiers jours, une période à risque

L’hypothèse « est que les troubles du développement et l'autisme sont liés à une interaction entre un terrain génétique et des facteurs de l'environnement, présents dans une période très précoce : les 1 000 premiers jours, c'est-à-dire la vie fœtale et les premiers mois de la vie, explique la Pr Amaria Baghdadli (Montpellier), responsable scientifique de la cohorte Marianne. Il peut s'agir de l'exposition pendant cette période à des toxiques, des pesticides, des métaux lourds, certains médicaments et polluants chimiques comme le bisphénol, les phtalates, etc. La littérature scientifique suggère qu'ils ont un lien avec des troubles du développement mais (jusque-là) nous n'avions pas d'infrastructure de recherche qui permette de valider suffisamment ces résultats ».

La "cohorte Marianne" bénéficira d'un financement à hauteur de 6 millions €  via l’Agence nationale de la recherche (ANR) au titre du plan France 2030.

(Avec AFP)