Le ministère met en avant plusieurs dispositifs pour soutenir les assistantes maternelles. Mais l’UFNAFAAM, principale organisation représentative du secteur, dénonce des annonces de façade, trop modestes et parfois déjà actées, incapables de répondre à la crise structurelle de la profession.

Le ministère des Solidarités a récemment détaillé ses actions pour tenter d’enrayer la chute du nombre d’assistantes maternelles, en réponse à une question du sénateur Fabien Gay (Seine-Saint-Denis). Trois mesures phares sont mises en avant : la réforme du CMG, la prime d’installation revalorisée et l’évolution de Pajemploi+.

Pour l’UFNAFAAM (Union fédérative nationale des associations de familles d’accueil et assistantes maternelles), ces annonces ne constituent pas de réelles avancées. « On nous présente comme une nouveauté la réforme du CMG, mais elle figurait déjà dans la loi de financement de la Sécurité sociale 2023 », rappelle l’organisation, dans une tribune publiée le 2 septembre. Même réserve sur la prime d’installation : « Nous demandons depuis longtemps une prime à chaque renouvellement d’agrément. C’est cela qui traduirait une véritable reconnaissance et soutiendrait l’engagement sur la durée ».

Des engagements toujours en suspens

L’évolution de Pajemploi+ est jugée trop limitée. Le service, qui permet aux parents employeurs de verser le salaire via l’Urssaf avec avance immédiate des aides de la CAF, portera sa garantie de rémunération de deux à trois mois en cas de défaillance. Mais pour la fédération, cette mesure n’a rien de nouveau : elle avait déjà été annoncée pour 2025. « Le ministère ne fait que confirmer un calendrier existant », déplore-t-elle. Quant à la possibilité donnée aux employeurs de sortir du dispositif sous conditions, elle est jugée sans incidence concrète : « Ce n’est pas une protection sociale supplémentaire, seulement une nouvelle procédure ».

Selon l’UFNAFAAM, plusieurs dossiers attendus ne figurent pas dans la réponse ministérielle : la publication de guides nationaux de contrôle pour harmoniser les pratiques, la création d’un comité national des services PMI ou encore l’utilisation des 60 millions d’euros annoncés pour moderniser les crèches familiales. « On nous avait parlé d’un plan de soutien, mais aucune information concrète n’a suivi », regrette l’Union.

« Les avancées sont rares, lentes, et surtout trop timides pour espérer inverser la tendance »

Un accueil individuel fragilisé

La formation initiale devait être portée à 180 heures, mais la mise en œuvre tarde et reste jugée insuffisante. « On exige un haut niveau de professionnalisme, mais on ne donne pas les moyens de se former correctement », insiste l’UFNAFAAM.

La diminution continue des assistantes maternelles met en péril l’accueil individuel, une solution pourtant indispensable dans les territoires dépourvus de crèches. « Chaque année, des milliers de professionnelles quittent le métier. Ces mesures donnent l’impression de mouvement, mais elles ne changent pas la réalité », alerte la fédération.

En définitive, les mesures prises demeurent trop peu nombreuses, trop lentes et trop timides pour changer la donne. L’accueil individuel des jeunes enfants, clef de voûte pour de nombreux territoires, reste le parent pauvre de la politique petite enfance. Comme le souligne l’UFNAFAAM : « Ces demi-mesures produiront fatalement des demi-résultats ».


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