À l’approche des municipales, l’UNICEF France publie un guide pratique pour aider les villes à protéger les enfants sans domicile et garantir leurs droits essentiels, avec des actions concrètes et des exemples inspirants.
En France, 350 000 personnes vivent sans domicile, et parmi elles, le nombre d’enfants ne cesse d’augmenter. À la veille de la rentrée scolaire 2025, 2 159 enfants étaient sans solution d’hébergement – soit une hausse spectaculaire de 120 % par rapport à 2020 – selon le baromètre « Enfants à la rue » de l’UNICEF France et de la Fédération des acteurs de la solidarité. Dans les rues, dans des hôtels sociaux ou en habitats informels, ces enfants subissent la précarité au quotidien, qui affecte leur scolarité, leur santé et leurs relations sociales.
Face à cette urgence (FAS), l’UNICEF France publie un guide intitulé « Enfants sans toit, mais pas sans droits. Le pouvoir d’agir des Villes face à l’exclusion des enfants liée au logement ». « Si l’État reste garant du droit à l’hébergement et au logement, les communes et intercommunalités peuvent jouer un rôle essentiel pour agir à l’échelle des territoires, au plus près des enfants et de leurs familles », souligne l'agence onusienne en France.
« La lutte contre l’exclusion des enfants liée au logement exige une approche globale, coordonnée et structurante, soutenue par une volonté politique affirmée », souligne le document. Le guide s’adresse aux élus et aux professionnels capables d’agir concrètement sur le quotidien des enfants et de leurs familles, en travaillant pour eux et avec eux.
Un guide construit sur l’expérience des villes
Fruit d’un travail en partenariat avec huit Villes amies des enfants — Grenoble, Ivry-sur-Seine, Lille, Lyon, Marseille, Montpellier, Nantes et Paris. Des initiatives locales illustrent ces recommandations. À Grenoble, la Mission Observation sociale collecte et analyse les données pour mieux comprendre les publics de l’action sociale. Le Nantoscope de Nantes réalise un diagnostic social des enfants en situation de précarité et permet à la ville de planifier ses actions d’hébergement et d’accueil. À Marseille, le projet ASSAb recense sur l’année les personnes sans-abri et étudie leurs besoins pour ajuster les dispositifs existants. À Paris, la Fabrique de la Solidarité mobilise citoyens et bénévoles pour aller à la rencontre des personnes sans-domicile et sensibiliser la population.
Trois leviers d’action pour les collectivités
Le guide identifie trois leviers d’action pour les communes et intercommunalités.
Le premier consiste à mieux connaître, repérer et orienter les enfants et familles sans domicile. Cela implique de créer des observatoires des pauvretés et de coordonner les actions avec les acteurs de la veille sociale. Il prévoit aussi le dénombrement des enfants et familles sans-abri lors d’initiatives comme les Nuits de la solidarité. Enfin, il encourage le déploiement de pratiques d’aller-vers pour atteindre ceux qui restent invisibles.
Ensuite, améliorer les conditions d’habitat des enfants et de leurs familles. Résorption des bidonvilles, mobilisation du bâti vacant, développement de l’hébergement et facilitation de l’accès au logement : autant de mesures pour offrir un cadre de vie digne et sécurisé.
Enfin, garantir l’accès aux biens et services essentiels pour que les droits deviennent réalité. Créer des lieux d’accueil adaptés aux jeunes enfants et aux familles précaires, mettre en place une tarification sociale de la cantine, développer la médiation en santé : autant de moyens pour améliorer les parcours de soins et accompagner les enfants et leurs familles au quotidien.
À l’échelle nationale, le guide appelle à renforcer les politiques de lutte contre le mal-logement et à prendre en compte les enfants sans domicile dans toutes les politiques publiques qui les concernent : petite enfance, éducation, santé ou alimentation.