Sureffectif chronique, taux d’encadrement insuffisant, augmentation des profils de bébés et jeunes enfants en situation complexe, professionnels en souffrance… « L’heure est grave » pour les pouponnières à caractère social, alerte le GEPSo, groupe national des établissements publics sociaux et médico-sociaux. Le point avec Jeanne Cornaille, déléguée nationale de l'association.

Le GEPSo vient de publier les résultats d’une enquête flash sur les pouponnières. Ces premiers éléments confirment la situation inquiétante dénoncée en mai. Ce chantier devient-il prioritaire ?

Jeanne Cornaille. Des travaux sur la refonte de l'arrêté du 28 janvier 1974 relatif à la réglementation des pouponnières (majoritairement du secteur public) avaient été programmés à l'issue de la stratégie nationale de prévention et de protection de l’enfant d'Adrien Taquet (ancien secrétaire d'État chargé de l'Enfance et des Familles, ndlr). À cette époque, en 2022, le choix avait été fait de donner la priorité au chantier sur le décret pour définir des taux et normes d’encadrement dans les établissements d’hébergement de la protection de l’enfance. Car contrairement aux pouponnières, ces structures ne disposent d’aucun texte en la matière. L'actualisation de l’arrêté de 1974 devait être traitée dans un second temps. En mai, les travaux ont été réouverts sous l'impulsion politique de la ministre de l’Enfance, Sarah El Haïry et de la députée Isabelle Santiago (en qualité de rapporteure de la commission d’enquête parlementaire sur les manquements de la protection de l’enfance, ndlr) suite à sa visite de la pouponnière en sureffectif dans le Puy-de-Dôme.

17 pouponnières sur les 23 interrogées dans l’enquête flash déclarent avoir été en sureffectif ou à 100% en 2023.

J.C. Un taux à 100% est déjà une situation tendue pour une pouponnière. Cela signifie que le personnel ne sera pas en nombre suffisant pour l’accueil supplémentaire d’un enfant. Plus préoccupant encore, l’enquête flash établit un sureffectif en moyenne de 104-105%. La situation est dramatique. Il y a des pics sur certains établissements à 150% ! C'était le cas dans la pouponnière surchargée dans le Puy-de-Dôme qui a conduit Isabelle Santiago a alerté, en mai, la ministre. Nous pouvons voir tous les jours dans des établissements des situations scandaleuses du même genre. Il y a vraiment de quoi être très préoccupé. Les pouponnières accueillent des bébés déjà en souffrance, avec de grosses vulnérabilités. Une attention de chaque instant est indispensable. Ce sureffectif dans les structures a également des effets délétères sur les professionnels. Ils sont épuisés, en perte de sens. Les pouponnières font face aujourd’hui à un paradoxe. La qualité de l’accueil se dégrade alors même que les connaissances sur les besoins fondamentaux de l’enfant, sur la notion de vulnérabilité et les outillages des professionnels sur l’accueil des tout-petits se sont améliorés.

« Des situations complexes, des enfants avec des problèmes de santé, des troubles du comportement, porteurs de handicaps, des placements tardifs… »

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