Le ministère des Affaires étrangères a annoncé, le 4 juillet, le rapatriement de 10 femmes et 25 enfants jusqu’alors détenus dans des camps de prisonniers djihadistes en Syrie. Les familles des enfants français toujours retenus en zone syro-irakienne dénoncent le fait que leur rapatriement soit conditionné à l'accord de la mère.

« Les mineurs sont remis aux services chargés de l’aide sociale à l’enfance » et vont faire l’objet d’un suivi médico-social tandis que « les adultes sont remises aux autorités judiciaires compétentes », précise le Quai d’Orsay dans un communiqué.
Parmi les 25 mineurs, une adolescente de 17 ans qui fait l'objet d'un mandat de recherche a été placée en garde à vue, précise dans un communiqué de presse le parquet national antiterroriste.

Il s’agit de la quatrième opération de rapatriement en un an. « Il reste dans ces camps une centaine d'enfants qui ne connaissent que la fange, les barbelés et la violence », déplore Marie Dosé, avocate de familles de femmes et d'enfants retenus dans les camps du nord-est syrien, dans un communiqué. « L’UNICEF France se félicite de ce rapatriement et demande que tous les enfants français retenus dans les camps syriens soient rapatriés, conformément à la Constitution internationale des droits de l’enfant et des décisions de la Cour Européenne des droits de l’homme », rappelle Adeline Hazan, présidente de l'UNICEF France dans un tweet.

A l’été 2022, la France a mis fin à la politique du "cas par cas", qui lui a valu d’être condamnée par des instances internationales et blâmée par des organismes consultatifs français. Au total, 16 femmes et 35 enfants avaient ainsi été ramenés en France lors d’une première opération collective, suivie en octobre de 15 femmes et 40 enfants. Le 24 janvier 2023, le Quai d’Orsay avait annoncé le rapatriement de 15 femmes et 32 enfants, quelques jours après avoir été condamné par le Comité contre la torture de l'ONU.

« Au lieu de respecter l'arrêt de la Cour européenne des droits de l'homme, l'Etat français vient de décider de rapatrier certains enfants, selon un critère unique (l'accord de la mère), et d'abandonner les autres à une détention infinie dans un camp sordide, voire, pour ce qui concerne les garçons et les adolescents dans des centres de "réhabilitation" (en fait de détention) ou des propos », alerte le collectif des Familles unies, qui rassemble des parents et grands-parents d'enfants français toujours en Syrie ou en Irak. Et d'ajouter : « En effet , ce qui est pris en compte dans ce dernier rapatriement, ce n'est ni l'intérêt supérieur de l'enfant, ni sa "particulière vulnérabilité", ni les circonstances "exceptionnelles" qui entourent la situation dramatique de ces enfants, c'est uniquement l'accord de la mère ».

Me Marie Dosé :   « Ces enfants sont doublement victimes  en raison du choix de leurs parents, d'abord, de celui de la France ensuite, qui a refusé de les rapatrier pendant cinq ans »

Me Marie Dosé dénonce également le fait que le rapatriement des enfants français soit conditionné à l'accord de leurs mères. « Parmi elles, certains sont toujours soumises à une idéologie extrémiste, d'autres ne supportent pas l'idée d'être séparées de leurs enfants, d'autres encore redoutent les conséquences de leur prise en charge en France (placements en foyers, rupture du lien familial, fichage, etc), d'autres enfin présentent des troubles psychologiques tels qu'elles ne sont plus capables, après des années de captivité, de prendre des décisions raisonnés ».

L'avocate rappelle que « depuis cinq ans au moins les Kurdes de Syrie gardent prisonniers les enfants et leurs mères dans des camps sécurisés par les forces de la coalition, dont la France fait partie ».

Marie Dosé déplore que ces « enfants sont doublement victimes » en raison « du choix de leurs parents, d'abord, de celui de la France ensuite, qui a refusé de les rapatrier pendant cinq ans ». « Notre pays ne peut décemment pas se réfugier derrière leur refus pour abandonner une nouvelle fois ces enfants dans des prisons à ciel ouvert, qui plus est en zone de guerre », martèle l'avocate pénaliste.