A l'approche du premier tour de l'élection présidentielle, quatre fédérations de pédopsychiatres - l'AFPP, l'API, la FDCMPP et la SFPEADA - ont co-écrit une lettre ouverte aux candidats à l'Elysée pour réclamer plus de moyens pour un secteur "chroniquement sous-financé".

« A Paris, 200 enfants présentant un trouble du spectre autistique sont en attente de places dans des Instituts médico-éducatifs. Ce nombre s’élève à 600 en Seine-Saint Denis. Le nombre d’adolescents en souffrance a nettement augmenté depuis l’épidémie de Covid (augmentation des dépressions, des tentatives de suicide, des addictions). Les demandes de consultations continuent de croître et elles révèlent pour la majorité des troubles importants et des situations psychosociales graves. ». Dressant, dès les premières lignes, un état des lieux préoccupant, quatre fédérations du champ de la pédopsychiatrie * interpellent les candidats à l'élection présidentielle dans une lettre ouverte en date du 4 avril.

Les signataires jugent insuffisantes les mesures annoncées par le gouvernement à la suite des Assises de la santé mentale et de la psychiatrie en septembre 2021. Pour rappel, un plan d’action a acté notamment la poursuite du renforcement des centres médico-psychologiques (CMP) jeunes et adultes à hauteur de 800 ETP sur trois ans (400/400) soit 16 millions d’euros en 2022 (8/8), puis de nouveau 16 millions d’euros en 2023, et en 2024.

Pour la secteur de la pédopsychiatrie "chroniquement sous-financé" sur l'ensemble du territoire, ces moyens se résument à "un poste paramédical par secteur". " C’est peu, vraiment peu, compte-tenu des besoins présents et clairement repérés", martèlent les associations.

Les fédérations constatent des afflux de patients de plus en plus importants en pédopsychiatrie du fait notamment de "troubles liés à au moins 5 facteurs contemporains". Et de citer : le cumul des crises socio-économique et sanitaire et leurs conséquences sur les familles et le développement psychique de l’enfant ; les conséquences de l’usage intensif des smartphones et autres écrans dès le plus jeune âge ; les conséquences très probables des perturbateurs endocriniens sur le neuro-développement ; les conséquences du dérèglement climatique (angoisse chez l’adolescent voire immobilité ; migrants climatiques) ; les conséquences de la guerre sur la population (migrations, psychotraumatisme).

Les représentants des pédopsychiatres réclament donc "au moins un doublement des moyens", soit 1,5 milliard d’euros supplémentaire, ainsi qu' "une refondation structurelle" du secteur de la psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent.  "A ne pas prendre en compte cela, c’est laisser s’installer des pathologies qui, au-delà de la souffrance qu’elles engendrent, augmentent le coût économique total de la santé mentale en France, chiffré à 109 milliards d’euros en 2017, coût démesurément plus important que l’investissement nécessaire aujourd’hui ", estiment les quatre fédérations.

*Les signataires de la lettre ouverte sont :
Dr Amandine Buffière, présidente de la FDCMPP – Fédérer les Centres Médico-PsychoPédagogiques
Dr Jean Chambry, président de la SFPEADA – Société Française de Psychiatrie de l’Enfant et de l’Adolescent et des Disciplines Associées
Dr Christophe Libert, président de l’API – Association des Psychiatres de secteur Infanto-juvénile
Dr Catherine Zittoun, présidente de l’AFPP - Association Francilienne des Pédopsychiatres