« À partir de 2016-2017, on observe en France une augmentation soudaine et importante du nombre de mineurs non accompagnés (MNA) guinéens pris en charge au titre de la protection de l’enfance ». Trajectoires, association qui mène des recherches-actions auprès de migrants en situation de vulnérabilité, vient de publier son étude- commandée par le Secours Catholique - visant à mieux cerner les causes et les spécificités de la migration des mineurs non accompagnés (MNA) guinéens, jusqu’alors peu présente en France, au Maroc et en Europe. « Depuis 2015, les Guinéens constituent la première nationalité de MNA pris en chargeau sein de la protection de l’enfance. Ils sont, de fait, suivis par de nombreux bénévoles et professionnels du Secours catholique en France, mais également au Maroc, pays de transit pour la traversée vers l’Europe des migrants subsahariens », explique Trajectoires.

« Sur la période 2017-2020 ( mais sans comptabiliser 2016 où les répartitions parnationalité ne sont pas présentées par la DPJJ [direction de la protection judiciaire de la jeunesse] ), les départements français ont pris en charge 58 214 MNA, dont 15 499 Guinéens, soit près de 27% des MNA arrivés durant cette période », poursuit l'étude intitulée "En quête de protection : le parcours incertain des mineurs guinéens en Europe".

Quelles sont les spécificités de cette migration guinéenne en France ? Quels sont les impacts sociaux de ces départs pour les mineurs et leurs familles ? Ces particularités nécessitent-elles une adaptation de la prise en charge et de l’accompagnement ? Quels sont les principaux risques des routes migratoires empruntées par ces mineurs ? Quels sont les dangers et les risques encourus une fois en France ?

Dans le cadre de cette recherche-action, l'association Trajectoires a interrogé 55 jeunes migrants guinéens, d’appartenances ethniques différentes (peul, malinké, soussou...) en France, au Maroc et au Mali, et ce, à différentes étapes de leur parcours migratoire. Ces entretiens ont été croisés avec ceux menés auprès des acteurs associatifs et institutionnels intervenant sur la thématique (professionnels intervenant dans le champ de la protection de l’enfance...) et avec l’analyse de documents ressources (rapports, articles, travaux universitaires...)

« Les jeunes Guinéens pâtissent comme les autres MNA des lacunes du dispositif et sont particulièrement vulnérables au mécanisme de contestation systématique des documents d’état civil guinéens par les autorités françaises, lequel condamne beaucoup d’entre eux à ne pas être reconnus comme mineurs et donc à ne pas être protégés », souligne l'étude, dans son introduction.

L'association Trajectoires consacre un volet de cette recherche-action, aux particularités de la migration des jeunes filles et femmes guinéennes.

LARDANCHET G., LE CLEVE A., PEYROUX O. "En quête de protection : le parcours incertain des mi,eurs guinéens en Europe", février 2022.