La Cimade dénonce "l'enfermement à répétition" de mineurs en centres de rétention administrative alors que la France a déjà été condamnée à neuf reprises pour cette pratique par la Cour européenne des droits de l’homme.

"Depuis le 19 mai, 6 enfants de 3 mois à 13 ans ont été enfermés pendant plusieurs jours entre les barbelés du centre de rétention du Mesnil-Amelot", dénonce la Cimade, association de solidarité active avec les migrant·e·s, les réfugié·e·s et les personnes qui demandent l'asile.

Dans un communiqué en date du 8 juin, l'association égrène les situations dénoncées :

Madame D et sa fille âgée d’un an ont subi une évacuation sanitaire dès leur premier jour en raison de l’état de santé de l’enfant. A leur retour au centre de rétention, les conditions impactant toujours la santé de l’enfant, la mère a appelé le 112 et a dû attendre 16 heures avant de voir un médecin. La famille a passé 5 jours enfermée.

Madame O, enfermée avec sa fille de 3 ans, a directement été emmenée à l’hôpital. Elles ont passé 4 jours enfermées.

Madame Y a, quant à elle, fêté les 3 mois de son fils au centre de rétention. La famille a été séparée de Monsieur X, mari de Madame et père de l’enfant. Le nourrisson ne mangeait pas, dormait mal, manquait de couvertures et était malade. La famille a passé 8 jours enfermée.

Monsieur K a été enfermé avec sa fille de 13 ans. L’adolescente, qui était scolarisée, s’est vu privée de son droit à l’éducation. Les impacts d’un tel enfermement chez un enfant en capacité de comprendre la situation sont non mesurables. La famille a passé 6 jours enfermée.

Madame Z et sa fille de neuf mois ont elles aussi été séparées du père de l’enfant. Les couches n’étant pas fournies en quantité suffisante, le bébé passait une grande partie de la journée dans une couche mouillée. La famille est actuellement toujours enfermée depuis maintenant 7 jours dans des conditions inhumaines et dégradantes.

"Ces enfermements à répétition au centre de rétention de Mesnil Amelot ne sont pas une exception. Ainsi, depuis le début de l’année, 24 enfants ont été enfermés au sein du CRA de Metz. Au CRA de Mayotte, il est difficile d’avoir connaissance du nombre exact tellement il est important. Durant l’année 2021, 3135 enfants avaient subi l’enfermement administratif dans ce seul centre de rétention", explique l'association.

Pour rappel, le 31 mars 2022, la Cour européenne des droits de l’homme a condamné pour la 9 ème fois l’administration française pour la rétention administrative d’un enfant mineur. (lire notre article) "Depuis 2012, la jurisprudence de la Cour est constante en ce qu’elle considère que l’enfermement des enfants en rétention constitue un traitement inhumain et dégradant", rappelle la Cimade.

L'association précise que La Défenseure des droits a été saisie pour le dossier de chacune de ces familles.