« En colère et déçu » après les annonces du comité interministériel de l'enfance du 20 novembre, Lyes ­Louffok, le militant pour les droits des enfants et ancien membre du Conseil national de la protection de l'enfance (CNPE) fustige le manque de volonté et de courage politique du gouvernement.

Le nouveau plan de lutte contre les violences faites aux enfants pour la période est sévèrement critiqué par les acteurs de la protection de l'enfance. Que pensez-vous des mesures annoncées ?

Lyes Louffok. Ce plan n’est pas à la hauteur des attentes de tout un secteur et de centaines de milliers d’enfants placés. Il s’évalue, de manière globale, à l’aune de toutes ses omissions. La protection de l’enfance traverse aujourd’hui une crise historique, inédite. Aucune mesure ambitieuse ne figure dans ce plan pour répondre à cette situation. On note par exemple l'absence de mesures sur le travail social. Comment avoir la prétention de protéger dignement les enfants placés de ce pays sans aborder la question de ceux qui en ont la charge et qui s’en occupent ? Les travailleurs sociaux sont en grande souffrance. Ils "quittent le navire", désertent, ne veulent plus exercer dans ces conditions. Les professionnels en ont marre de la maltraitance institutionnelle, des injonctions paradoxales. Ils en ont marre du fonctionnement des institutions qui ne prennent pas suffisamment en compte leurs expertises. Ils en ont marre des décisions de justice qui ne sont pas en adéquation avec les missions de protection de l’enfance. Ils en ont marre de devoir placer des gamins dans des hôtels ou des campings. Ils en ont marre de passer des heures au téléphone pour trouver des places à des gamins qui bénéficient de mesures de protection qui ne peuvent pas exécuter faute de places en foyer ou dans des familles d’accueil.

S’il y avait eu des mesures dignes de ce nom dans ce plan, le gouvernement devrait les financer. Or, la secrétaire d’État à l’Enfance n’a pas de poids politique pour obtenir de Bercy les arbitrages nécessaires. La déception est forte suite à ce comité interministériel de l'enfance mais l’inquiétude l'est davantage encore de voir disparaître le système de protection de l’enfance dans les années à venir. Le gouvernement n'est pas prêt à investir massivement, à réinjecter de l'argent pour sortir de la crise notre système de protection de l’enfance. Des solutions existent mais il manque aujourd'hui la volonté et le courage politique pour les mettre en œuvre.   

Vous parlez de nombreuses omissions dans le plan. Quelles sont-elles selon vous ?

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