À quelques mois des municipales de 2026, le Conseil d’orientation des politiques de jeunesse publie un cahier de 26 recommandations à destination des candidats locaux. Le document dresse un état des lieux des freins rencontrés par les jeunes et identifie des leviers d’action concrets à l’échelle communale, de l’engagement à la parentalité.
Partout, les jeunes disent la même chose : leur parole peine à trouver sa place dans l’action publique locale. Le cahier relève que « tous expriment, avec des mots différents, un même constat : celui d’une action publique souvent perçue comme distante ou impuissante ». Cette distance concerne aussi les enfants et les adolescents, rarement associés aux décisions alors même qu’elles structurent leur quotidien.
La parole des enfants et des jeunes
« Les jeunes connaissent mieux que quiconque les besoins et les attentes de leur génération », considère le COJ. Cette expertise d’usage mérite d’être prise en compte dès le plus jeune âge. Le cahier appelle à créer des espaces de dialogue structurés, conçus comme de « véritables espaces de libre expression ». L’objectif est que cette parole appuie l’action locale et ne reste pas un simple exercice consultatif. Dans cette logique, le COJ encourage la mise en place de « conseils municipaux de jeunes inclusifs et accessibles à tous ».
De la participation à l’action locale
La participation est pensée comme un levier vers une citoyenneté active. Le COJ insiste sur la nécessité de doter ces espaces de moyens concrets, notamment « à travers un budget propre », afin de permettre aux jeunes d’identifier des projets et de les mettre en œuvre. Le document souligne l’importance de « valoriser la parole, l’engagement et les prises de responsabilité des jeunes auprès de l’ensemble de la population », pour rendre visible leur implication dans la vie locale et dépasser une participation symbolique.
Loin de l’image d’une jeunesse en retrait, le cahier rappelle que l’engagement est une réalité. En 2021, 27,5 % des 16-30 ans ont donné du temps bénévolement à une association et plus de 850 000 jeunes ont effectué une mission de service civique depuis la création du dispositif. Pour le COJ, ces chiffres montrent que l’envie d’agir existe, mais qu’elle se heurte à un manque de lisibilité et de stabilité. Le document insiste sur la nécessité de sécuriser les financements associatifs afin d’éviter des logiques de concurrence et de permettre l’accès à l’engagement des jeunes les plus éloignés.

Accès aux droits, logement et parentalité
Le COJ alerte sur le fait que de nombreux jeunes, notamment les plus vulnérables, « passent à côté d’aides et de dispositifs qui pourraient faciliter leur quotidien ». La complexité administrative, la multiplicité des acteurs et la méconnaissance des droits existants constituent des freins majeurs à une insertion sociale et professionnelle durable. Une attention particulière est portée aux jeunes de 16 à 18 ans ni en emploi, ni en étude, ni en formation, concernés par l’obligation de formation afin de « ne laisser aucun d’entre eux sans solution ».
Le logement apparaît comme un point de tension majeur seuls 16,7 % des moins de 25 ans décohabitants sont locataires du parc social, et 20,7 % parmi les 25-29 ans. Le COJ souligne que ces jeunes, « parmi la population active la plus précaire », devraient accéder davantage au parc social, un faible recours lié à « une méconnaissance du logement social », à la complexité des démarches et à des délais d’attente incompatibles avec leurs besoins.
Le cahier s’attarde également sur la situation des jeunes parents, dans un contexte marqué par un écart entre le désir d’enfants, évalué à 2,27 en 2023, et un taux de fécondité de 1,7. L’accès aux modes de garde est présenté comme un frein central, en particulier pour les parents isolés ou en recherche d’emploi.
À travers l’ensemble de ces propositions, l’instance défend une approche transversale et affirme que « donner aux jeunes une place centrale dans l’action locale n’est donc pas seulement une nécessité sociale », mais une condition pour retisser durablement le lien démocratique à l’échelle communale.
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