Chaque année, des enfants deviennent orphelins d’un féminicide et perdent en quelques heures leurs deux parents. La sénatrice (UDI, Pas-de-Calais) Amel Gacquerre alerte sur une prise en charge encore trop inégale.
Lors de la séance de questions orales au gouvernement du 2 décembre, la sénatrice a rappelé que « une centaine d'enfants perdent brutalement l'un de leurs parents à la suite d'un homicide conjugal, généralement un féminicide, tandis que l'autre parent est incarcéré ou décédé ». Ces mineurs affrontent « un double traumatisme : la perte de leurs parents et l'effondrement soudain de leur environnement ». Sur le terrain, l’accompagnement reste morcelé, et les proches accueillants doivent composer avec des moyens limités. D’où son interpellation : « Que compte faire le Gouvernement pour garantir à ces enfants un accompagnement durable et protecteur ? »
Des protocoles encore inégaux
Charlotte Parmentier-Lecocq, ministre déléguée chargée de l’autonomie et des personnes handicapées, souligne l’ampleur du choc : « En 2024, 124 enfants ont perdu leur mère sous les coups de leur conjoint ou de leur ex-conjoint. En perdant leurs deux parents, ils se retrouvent dans un état de choc comparable à celui vécu sur des théâtres de guerre ».
Depuis 2022, un protocole d’intervention immédiate se met en place après chaque homicide intrafamilial. Il prévoit « une hospitalisation immédiate avec un bilan pédopsychiatrique en 72 heures, la coordination entre la justice, les services sociaux, les équipes pédiatriques et les centres régionaux du psychotraumatisme, ainsi que la sécurisation juridique des enfants via une ordonnance de placement provisoire ». À ce jour, 79 protocoles ont été signés ou sont en cours de signature dans 13 régions. Chaque protocole bénéficie de 60 000 euros, pour un total de 4,74 millions d’euros.
Construire une réponse durable
La ministre reconnaît les limites de l’existant : « la prise en charge d'urgence ne suffit pas ». Le gouvernement compte sur le parcours coordonné renforcé de soins pour l’enfance protégée, qui doit démarrer en janvier 2026. Ce programme prévoit « un bilan de santé complet et une orientation systématique vers des soins gradués » et mobilisera « 120 millions d'euros chaque année » une fois généralisé.
Un statut protecteur réclamé
Pour Amel Gacquerre, il faut franchir un cap. Elle appelle à « accorder à ces enfants le statut de pupille de la Nation ou de pupille de la République », afin de sécuriser leur parcours et de reconnaître pleinement la gravité de ce qu’ils ont vécu.
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