Dans une tribune publiée le 4 décembre dans Le Figaro, Sylviane Giampino, présidente du Conseil de l’enfance et de l’adolescence au sein du HCFEA, dénonce la dispersion des politiques publiques et plaide pour un pilotage clair.

Les signes de fragilité s’accumulent : santé mentale sous tension, pauvreté durable, accès aux soins qui se dégrade. Dans une tribune publiée le 4 décembre dans Le Figaro, Sylviane Giampino, psychologue de l’enfance et présidente du Conseil de l’enfance et de l’adolescence au sein du Haut Conseil de la famille, de l'enfance et de l'âge (HCFEA), replace ces évolutions dans le temps long. Selon elle, enfants et adolescents grandissent désormais dans un contexte instable, où les repères se brouillent et où les soutiens ne suivent pas toujours. Elle note que « les alertes se succèdent à un rythme soutenu sur les nouvelles difficultés de vivre des enfants et des adolescents ».

Les données avancées sont significatives : 5,5 % des 12-17 ans consomment des psychotropes, les gestes suicidaires augmentent et 22 % des enfants vivent dans la pauvreté, un niveau bien supérieur à celui de la population générale.

Un décalage persistant

La France a ratifié la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE) en 1990, mais les recommandations internationales continuent de rappeler les obligations du pays et les écarts persistants entre engagements et réalité. Dans Le Figaro, Sylviane Giampino pointe ce décalage récurrent : les discours politiques affichent l’enfance comme priorité, tandis que les actions concrètes avancent lentement et souvent sans cohérence. Selon la tribune, « 75 % des adultes déclarent que les politiques de l’enfance devraient être un enjeu majeur des pouvoirs publics ». Le constat est largement partagé, mais la mise en œuvre reste limitée.

Des politiques trop dispersées

La dispersion des responsabilités constitue l’un des nœuds du problème. Les financements varient selon les secteurs, les dispositifs s’empilent et les décisions se prennent à différents niveaux sans coordination suffisante. Le texte évoque « des dispositifs, services, structures et contrôles qui se juxtaposent », au détriment de la lisibilité et de l’efficacité. Cette fragmentation se retrouve aussi dans les textes juridiques, puisque les règles concernant l’enfance sont disséminées dans une dizaine de codes, ce qui rend l’ensemble difficile à stabiliser.

Des repères déjà posés

Depuis plus de dix ans, le Conseil de l’enfance et de l’adolescence du HCFEA élabore des analyses et des recommandations pour structurer une politique globale. Ce travail associe administrations, élus, chercheurs, associations, Sécurité sociale et jeunes eux-mêmes. Comme le rappelle la tribune, « les repères d’une politique globale de l’enfance existent. Ils ont été partagés, rendus publics, remis et présentés successivement à pas moins de 41 ministres. »

Un pilotage national à construire

L’enjeu, pour Sylviane Giampino, est de doter la politique de l’enfance d’un pilotage clairement identifié. Aujourd’hui dispersées, les actions publiques gagneraient en cohérence et en continuité avec une autorité chargée de les coordonner. Elle résume sa position en affirmant que « pour avancer, il nous faut un ministre de l’Enfance, de plein exercice, à même de porter une politique de l’enfance, et d’animer en interministériel la cohérence des réglementations impactant les enfants. Une urgence pour les 14 millions d’enfants et d’adolescents en train de grandir en France. »


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