Lancée fin 2023, l’aide universelle d’urgence apporte un soutien financier immédiat aux victimes de violences conjugales. Près de 60 000 personnes en ont déjà bénéficié, avec un versement effectué en quelques jours par les Caisses d’allocations familiales.

À la veille de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, la Caisse nationale des allocations familiales (Cnaf) fait le point sur l’aide universelle d’urgence. Depuis son lancement en décembre 2023, près de 60 000 personnes y ont déjà eu recours pour couvrir leurs premières dépenses après des violences. Le montant moyen versé est de 891 €, ce qui traduit, selon la Cnaf, un dispositif « rapide, accessible et humain », particulièrement dans les territoires engagés dans le Pack Nouveau départ.

Créée par la loi du 28 février 2023, cette aide est ouverte à toutes les victimes, sans condition de ressources. Elle peut être versée que l’on soit ou non allocataire, avec ou sans enfant, en séparation ou non. Elle constitue aussi l’un des volets du « Pack nouveau départ », piloté par le Service des droits des femmes, qui réunit Caf, départements et partenaires locaux pour assurer une prise en charge « rapide, globale et adaptée » dès les premiers jours.

Un accès simple, mais des obstacles persistants

La demande peut être déposée en ligne sur caf.fr ou directement en accueil. Elle doit être accompagnée d’un justificatif de violences datant de moins d’un an : dépôt de plainte, ordonnance de protection ou signalement au procureur. Le montant, à partir de 240 €, varie selon les ressources du mois précédent et le nombre d’enfants de moins de 21 ans. Les CAF annoncent un versement effectué « dans un délai de 3 à 5 jours », ce qui en fait un outil d’aide immédiate.

Lors d’une table ronde organisée au Sénat le 28 mars, plusieurs limites ont toutefois été soulignées. L’accès à l’aide reste très inégal, avec des angles morts persistants : exclusion des femmes étrangères sans titre de séjour, forte charge émotionnelle pour les agents confrontés à des récits particulièrement difficiles, et pratiques territoriales parfois éloignées les unes des autres. Les associations, notamment les Centres d’information sur les droits des femmes et des familles (Cidff), essentiels pour l’accès au droit, alertent aussi sur leur fragilité croissante. Outre-mer, le dispositif demeure compliqué à activer, faute de réseaux suffisamment structurés. Pour les participants, l’enjeu est désormais clair : l’utilité de l’aide n’est plus à démontrer, il s’agit de la rendre pleinement accessible à toutes les victimes.


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