À l’occasion de la conférence des métiers de l'accompagnement social et du médico-social, le 18 février, le Premier ministre a annoncé l’extension de la revalorisation "Ségur" de 183 euros nets par mois aux professionnels de la filière socio-éducative. L’État et les Départements de France s'engagent, tous deux, avec un investissement de 1,3 milliard d’euros par an.

Initialement prévue lors de la première quinzaine de janvier puis repoussée en raison du rebond épidémique, la conférence des métiers et de l'accompagnement social et médico-social s'est finalement tenue le 18 février. Un rendez-vous qui cristallisait les fortes attentes de professionnels à bout de nerfs, à bout de souffle et oubliés du Ségur de la Santé. « Cette conférence était nécessaire […] très attendue par tout un secteur professionnel. Nécessaire et même urgente, car nous connaissons tous les très graves difficultés auxquelles se confrontent tous les secteurs du champ sanitaire, social et médico-social pour constituer et stabiliser leurs équipes aujourd’hui », a insisté Jean Castex.

Le Premier ministre a annoncé une revalorisation mensuelle de 183 euros nets, correspondant à celle déjà mise en place pour les personnels soignants dans le cadre du Ségur de la santé en 2020, pour les professionnels de la filière socio-éducative (secteur handicap, protection de l'enfance, hébergement, autonomie, etc.). Cette mesure dont le coût est de 540 millions d'euros en 2022, puis de 720 millions en année pleine sera financée à 70 % par l'État et à 30 % par les départements. L’État et les Départements de France s'engagent ensemble sur un investissement de près de 1,3 milliards d’euros par an afin de revaloriser les salaires. « Il fallait mettre un terme à cette injustice et il fallait que le secteur du médico-social bénéficie des mêmes mesures financières et de la même reconnaissance que celles accordées initialement aux soignants », a commenté François Sauvadet, président de l'Assemblée des départements de France (ADF).

Ces revalorisations prendront effet pour les rémunérations dues à compter du mois d’avril 2022, devront être versées au plus tard en juin sur le bulletin de paie.


Les éducateurs spécialisés, moniteurs-éducateurs, conseillers en économie sociale et familiale, assistantes sociales, psychologues, etc., qui n’avaient pas été concernés par les revalorisations du Ségur, vont pouvoir percevoir cette revalorisation nette mensuelle. Concrètement, elle bénéficiera aux professionnels de la filière socio-éducative du secteur non-lucratif - environ 140 000 équivalents temps plein (ETP) -  et aux personnels sous statut de la fonction publique exerçant des métiers de la filière socio-éducative (environ 30 000 ETP). L’État et la sécurité sociale d’un côté et les conseils départementaux de l’autre, chacun prendra la part qui leur revient au titre des structures qu’ils financent.
Jean Castex a précisé que seront également concernés « les médecins, sage-femmes et personnels soignants de la protection maternelle et infantile et des autres structures territoriales, qui sont restés au bord du mouvement du Ségur ».Et le communiqué de presse de préciser : « Les Départements de France, avec une participation de 30 % de l’État, assureront la transposition des revalorisations des médecins, sage-femmes et personnels soignants de la protection maternelle et infantile et autres structures territoriales (60 M€) ».

500 millions d’euros pour faire converger les conventions collectives

Autre annonce : l’État et les départements vont réaliser un investissement supplémentaire de 500 millions d’euros (380 millions pour l'État et 120 millions pour les départements) dans le but « d’accompagner l’harmonisation des conventions collectives vers un texte unique dans le secteur privé non-lucratif ». Et ce, "dans les meilleurs délais". « Il s’agira ainsi d’agir sur les débuts de carrière, de faciliter la mobilité des parcours professionnels, de mieux reconnaître les compétences acquises et de garantir ces mêmes droits à tous les professionnels qui ne sont aujourd’hui pas couverts par cette protection conventionnelle. », détaille le communiqué de presse.

Des mesures pour la formation et la qualité de vie au travail

Une enveloppe de 120 millions d'euros sur trois ans sera consacrée à la formation professionnelle et de la validation des acquis de l'expérience (VAE), avec des actions spécifiques pour l'encadrement intermédiaire. Le Premier ministre a demandé dans cette optique à Mathieu Klein, président du Haut conseil du travail social, d’impulser l’élaboration d’un nouveau référentiel de formation des professionnels du travail social, intégrant notamment l’expertise des personnes accompagnées elles-mêmes.  Un plan d'amélioration de la qualité de vie au travail est aussi prévu : une enveloppe de 15 millions d'euros sera dédiée à la formation des managers à ces enjeux et la branche AT-MP de l'Assurance maladie (accidents du travail et maladies professionnelles) apportera un financement de 50 millions sur quatre ans afin de développer des actions de prévention.

Jean Castex a également annoncé l'installation, avant le mois d'avril, d'un "comité des métiers du social et de l'accompagnement". Sa mission ? Traiter la question de la rénovation de l’architecture des qualifications et des diplômes, «un enjeu incontournable pour  faciliter la reconnaissance des équivalences, la mobilité des parcours et donc la motivation des équipes ». De son côté, le Haut conseil du travail social (HCTS) prépare un "livre vert" portant sur les approches, les missions et les conditions d'exercice du travail social et qui devrait être remis prochainement.