Alors que la France connaît un nouvel épisode caniculaire d’ampleur, le SNPPE dénonce l’absence de mesures nationales spécifiques pour protéger les jeunes enfants en crèche.
Seize départements, dont toute l’Ile-de-France, sont placés en vigilance rouge en raison de la canicule. Le Syndicat national des professionnels de la petite enfance (SNPPE) dénonce l’absence de dispositif national adapté pour protéger les jeunes enfants en crèche. Dans un communiqué publié le 30 juin, il pointe un vide réglementaire préoccupant, malgré l’ampleur inédite de la crise climatique en cours.
Une population particulièrement vulnérable
Les enfants de moins de trois ans sont considérés comme particulièrement sensibles aux fortes chaleurs, en raison de leur système de régulation thermique encore immature. Le SNPPE souligne qu’aucun seuil de température maximale n’est actuellement défini dans les établissements d’accueil du jeune enfant (EAJE), qu’ils soient publics ou privés. « Aucune procédure nationale de fermeture temporaire n’est prévue, même en vigilance rouge Météo-France », précise le document. Le référentiel « petite enfance », fondé sur l’arrêté du 31 août 2021, se limite aujourd’hui à des recommandations sans caractère obligatoire.
Des conditions de travail jugées préoccupantes
Le SNPPE fait état de remontées de terrain signalant des températures comprises entre 33 et 37 °C dans certaines sections, sans moyens techniques suffisants pour les maîtriser. Le manque de climatisation, l’usage de ventilateurs de fortune ou encore l’impossibilité pour les professionnels d’exercer leur droit de retrait dans certains cas sont également évoqués. « Les salariés sont épuisés, en danger, et parfois même découragés d’exercer leur droit de retrait », peut-on lire dans le communiqué.
Le syndicat formule quatre propositions :
- Définir un seuil d’alerte clair pour les EAJE ;
- Mettre en place des consignes de fermeture temporaire si les conditions thermiques ne peuvent être maîtrisées ;
- Investir dans la rénovation thermique des crèches, qu’elles soient publiques ou privées ;
- Protéger juridiquement les professionnel·les qui exercent leur droit de retrait dans ces situations.
Un cadre juridique récemment renforcé, mais peu appliqué
Depuis le décret du 27 mai 2025, les employeurs doivent intégrer le risque « chaleur intense » dans leur document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP). Ils sont aussi tenus d’adapter l’organisation du travail et de maintenir une température adaptée dans les locaux.
Cependant, selon le SNPPE, aucun dispositif de contrôle systématique n’a été mis en œuvre dans les crèches, et aucune directive nationale ne précise les seuils ou actions à engager en période de forte chaleur.
Contrairement aux écoles, les crèches restent ouvertes durant l’été, y compris pendant les épisodes caniculaires. Cette continuité de service pose la question des conditions d’accueil des enfants et des conditions de travail des professionnels, dans un contexte de dérèglement climatique. « Il est urgent d’investir massivement pour garantir un accueil réellement sécurisé : pour les enfants, pour les professionnel·les qui les accompagnent, et pour la qualité du service public de la petite enfance », conclut le SNPPE.
Dans une publication sur LinkedIn, Élisabeth Laithier, présidente du Comité de filière Petite Enfance, exprime son inquiétude face aux conditions de travail des professionnels confrontés à la canicule. Elle souligne que ces derniers exercent souvent dans des lieux « pas toujours adaptés » aux fortes chaleurs, que ce soit en établissement ou à domicile. Elle insiste également sur la vulnérabilité particulière des jeunes enfants : « Le public accueilli est bien plus fragile que celui accueilli dans les écoles, même si bien sûr tous les enfants sont fragiles et à prendre en considération ». Elle ajoute que « Un nourrisson, avec les risques de déshydratation liés à son très jeune âge, demande une surveillance accrue et parfois des mesures spécifiques ».