Le président de la République a lancé, le 10 novembre, à Paris un "laboratoire pour la protection de l'enfance en ligne" (Children Online Protection Lab). Il a été initié lors d’une réunion à l’Élysée avec des organisations non gouvernementales et des représentants des grandes plateformes numériques et moteurs de recherche (Meta, Microsoft, Google, TikTok…) à l’occasion du Forum de Paris sur la Paix.

« L'espace numérique ne peut pas être un lieu de non-droits. C'est le combat que l'on a mené contre le terrorisme, c'est celui que l'on a mené contre les discours de haine en ligne. C'est vraiment ce que l'on doit poursuivre au niveau de la protection de nos enfants », a souligné Emmanuel Macron.

Le laboratoire pour la protection de l'enfance en ligne est calqué sur le modèle et la méthode probante de l’Appel de Christchurch, contre l’extrémisme violent en ligne, lancé par la Nouvelle-Zélande et la France après la tuerie de 2019 qui avait fait 51 morts dans deux mosquées de cette localité néo-zélandaise. Les images prises par l'auteur de la tuerie étaient alors restées accessibles en ligne pendant plusieurs heures. L'appel a contribué à réformer le Forum mondial d'internet contre le terrorisme (GIFCT), afin d'accélérer le retrait des images en cas de crise.

Une « alliance entre régulateurs, ONG, plateformes numériques et monde académique.

Children Online Protection Lab réunira des acteurs internationaux de premier plan pour développer des solutions techniques sur des questions clés comme l’identification de l’âge des internautes la lutte contre le partage non-consenti d’images intimes ou encore le cyberharcèlement. Ce laboratoire, qui est une « alliance entre régulateurs, ONG, plateformes numériques et monde académique », doit identifier les « bonnes façons de réguler (le problème) et de mieux protéger nos enfants en ligne », a noté le chef de l'État.

Il devra déterminer « comment vérifier l'âge des internautes, reconnaître les mineurs et bien les protéger », dans le respect de la vie privée et de la protection des données personnelles, a-t-il poursuivi. Le deuxième enjeu est  « comment lutter contre le problème diffus et de plus en plus prégnant du harcèlement et des violences personnelles en ligne », a ajouté Emmanuel Macron. Enfin, il faudra aussi voir « comment agir vite et de manière coordonnée entre les multiples plateformes numériques pour retirer les contenus pédopornographiques ou intimes qui ont été diffusés sans le consentement des mineurs et de leur famille », a expliqué le président de la République.

Emmanuel Macron a interpellé Elon Musk, le nouveau propriétaire de Twitter, Elon Musk, pour lui demander de se joindre à l’initiative. «@elonmusk, Will the bird protect our children ? » («L’oiseau protégera-t-il nos enfants ? », a tweeté le chef de l’État en référence au célèbre logo du réseau social. « Absolument », a répondu en français le patron de Twitter. « Nous prendrons des mesures à cet égard », a-t-il aussi écrit en anglais.

Charlotte Caubel a salué sur Twitter la création de ce laboratoire, « un véritable espace de collaboration pour lutter contre le cyberharcèlement, le grooming [sollicitation d'enfants à des fins sexuelles par un inconnu ou une connaissance, ndlr], développer des solutions techniques de vérification de l'âge ».

La secrétaire d'État à l'Enfance avait plaidé, le 25 octobre, devant la délégation parlementaire aux droits de l'enfant à l'Assemblée nationale, pour l'utilisation d’une carte bancaire comme « filtre », « pour zéro ou un euro » sur les sites pornographiques afin d'empêcher l'accès des mineurs à ces sites (lire notre article). Dans une synthèse publiée fin juillet, la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil) avait signifié qu'il n'existe pas de solution parfaite pour vérifier l'âge des utilisateurs sur les sites web.

En parallèle du lancement du laboratoire pour la protection des enfants sur Internet, Pap Ndiaye, ministre de l'Éducation, a exprimé, le 10 novembre, à l'occasion de la journée nationale de lutte contre le harcèlement à l’école, (lire notre article) son souhait que le réseau social TikTok « régule et modère de façon beaucoup plus sérieuse » les activités de ses abonnés afin de lutter contre le harcèlement scolaire. « TikTok est une plateforme qui est utilisée de façon extrêmement large et qui a une grande popularité dans la jeunesse. Je n'ai rien contre TikTok en tant que tel, je souhaite simplement que TikTok régule et modère de façon beaucoup plus sérieuse les activités de ses abonnés », a souligné Pap Ndiaye, interrogé lors de l'émission "Le téléphone sonne" sur France Inter.