En ce 20 novembre, Isabelle Santiago alerte sur une situation de la protection de l’enfance qu’elle juge « indigne » et dénonce des constats « implacables ». Huit mois après son rapport parlementaire, elle regrette que « rien » n’ait bougé et presse l’État d’agir « immédiatement ».

La Journée internationale des droits de l’enfant offre, cette année, un miroir sans filtre de la situation française. Isabelle Santiago, députée socialiste du Val-de-Marne et rapporteure de la commission d’enquête parlementaire sur les manquements des politiques publiques de protection de l'enfance, affirme que « la situation de l’enfance en France est devenue indigne d’un pays comme le nôtre ». Huit mois après son rapport, l’élue note qu’« aucune inflexion significative » n’a été engagée, alors que départements, associations et professionnels de l'aide sociale à l'enfance (ASE) décrivent une saturation durable et des dispositifs sous tension permanente.

Un diagnostic jugé « implacable »

Dans ses alertes publiques, la rapporteure insiste : « sur le fond si peu a changé et les constats sur le terrain sont si accablants ! ». Selon l’élue du Val-de-Marne, « la grave crise écosystémique décrite » au printemps reste entière. Isabelle Santiago évoque notamment « des services de l’ASE sous tension permanente », « la santé physique et mentale des enfants jugée dégradée ». Elle souligne par ailleurs que « l’OCDE classe désormais la France parmi les pays qui reculent, notamment en mortalité infantile ». La députée rappelle également qu’au moins 3 000 enfants ont dormi dehors en 2025. Pour la parlementaire, cet ensemble constitue un tableau « implacable » qui aurait dû « déclencher une réaction rapide ». Il n’en a rien été.

Territoires à bout de souffle

Il y a quelques jours, Départements de France a également interpellé l’État. Lors des Assises nationales à Albi (Tarn), plusieurs présidents de conseils départementaux ont décrit un système qui se tend à mesure que les besoins augmentent. Ces alertes rejoignent celles recueillies par Isabelle Santiago, qui évoque « des services de l’ASE sous tension permanente » et des parcours qui se rompent faute de solutions adaptées. Pour la rapporteure, « les constats sur le terrain sont si accablants ! ». Ils renforcent, selon la députée du Val-de-Marne, le diagnostic d’une « grave crise écosystémique » toujours en cours, aggravée par l’absence d’un pilotage national à la hauteur.

Inertie politique persistante

Dans ce contexte déjà très chargé, la rapporteure de la commission d’enquête juge la réponse gouvernementale inexistante. « Six mois après la commission d’enquête : rien. Pas un plan, pas une réforme », fustige-t-elle. Isabelle Santiago rappelle que ses amendements au PLF et au PLFSS 2026, destinés à renforcer les moyens des départements, ont été « rejetés par des parlementaires déconnectés des réalités de l’enfance en France ». Et pose une question qui vise directement l’exécutif : « Quel message envoyons-nous ainsi aux familles ? ».
L’élue du Val-de-Marne précise les mesures qu’elle considère comme incontournables : « j'alerte le gouvernement à agir “immédiatement” dès le projet de loi de finances en créant un fonds pluriannuel dédié à la protection de l'enfance pour les départements ». Elle demande aussi « de réunir dès ce mois-ci le comité de suivi » et « la création du conseil scientifique avant la fin de l’année ». Pour elle, ces étapes ne sont pas des options, mais le socle minimal pour enrayer la dégradation actuelle.

Engager enfin une refondation

Au-delà de l’urgence, Isabelle Santiago défend une transformation bien plus profonde. Elle écrit qu’il faudra « lancer dès 2026 de nombreux chantiers », parmi lesquels « une loi de programmation pour l’enfance » ou encore un nouvel acte de décentralisation engageant l’État « aux côtés des territoires et pas un transfère du médico-social sans un État stratège, ni moyens ».

La députée du Val-de-Marne insiste également sur plusieurs axes structurants : faire de la santé de l’enfant une priorité nationale, lancer une stratégie interministérielle, rendre les normes d’encadrement obligatoires danse les établissements de la protection de l'enfance et fixer une date pour la publication du Code de l’enfance.

Ces chantiers, dans son esprit, constituent un changement d’ère après des années d’annonces ponctuelles. Dans une formule qui résume son agacement face à l’immobilisme, elle avertit : « suffit la communication le 20 novembre, est venu le temps des actes pour les enfants ! ».