Au cœur de la protection de l’enfance, l’audition du mineur reste un exercice délicat : comment recueillir sa parole sans l’influencer, l’exposer ou la surinterpréter ? Le colloque du 20 novembre, organisé à Lille par l’Association internationale des auditeurs d’enfants, a éclairé ces enjeux en croisant regards psychologique, juridique et professionnel.

L’audition d’un enfant est devenue une étape clé des procédures civiles de protection. La Convention internationale des droits de l’enfant reconnaît à tout mineur capable de discernement le droit d’être entendu. Le principe est clair. Son application l’est beaucoup moins. La parole de l’enfant peut être influencée, sursollicitée ou mal restituée. Comment recueillir un récit fidèle à son vécu sans orienter ses propos ? Comment articuler une parole forcément subjective avec les exigences de justice et de protection ?

Le 20 novembre, lors d’un colloque organisé à Lille par le CLIA (Association internationale des auditeurs d’enfants), l’IDFP (Institut du droit de la famille et du patrimoine) et la chaire Enfance et Familles / CR3D, quatre spécialistes ont croisé leurs regards : Mireille Cyr, professeure de psychologie à l’Université de Montréal ; Laurent Gebler, président de la Chambre des mineurs à la Cour d’appel de Paris ; Nathalie Barthélémy, avocate pour mineurs au barreau du Luxembourg ; et Emmanuelle Goby, avocate auditrice d’enfants au barreau de Paris. Tous ont décrit les conditions d’une audition réellement protectrice.

Ce que l’enfant dit… et ce qu’il ne peut pas dire

Pour Mireille Cyr, l’audition doit rester ancrée dans les capacités réelles de l’enfant. Elle souligne que « les enfants sont plutôt bons pour décrire leurs propres actions », mais que dès qu’une question demande une évaluation ou un jugement, l’exercice se complique.

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