Après la commission européenne, c'est au tour du Parlement européen d'appeler les 27 Etats-membres à prendre des mesures pour protéger les enfants et les jeunes, et notamment les mineurs non accompagnés, fuyant la guerre en Ukraine.

Le Parlement européen a adopté, le 7 avril, par 509 voix pour, 3 contre et 47 abstentions, une résolution rappelant diverses mesures nécessaires pour protéger les enfants et les jeunes fuyant la violence et pour faciliter leur intégration dans les communautés des pays d’accueil. « Tous les enfants ont le droit d’être protégés contre la violence, l’exploitation et les abus », affirment les députés, qui appellent les pays de l’UE à les protéger contre les risques de traite, d’adoption illégale et d’autres types d’abus.

Accueillir les enfants non accompagnés dans un milieu familial plutôt que dans des institutions

Les députés recommandent que des officiers de protection des enfants soient présents aux frontières afin d’identifier rapidement et précisément les enfants vulnérables, d’enregistrer leur identité et leur nationalité ainsi que leurs besoins spécifiques. Ils insistent sur la nécessité d’accueillir les enfants non accompagnés dans un milieu familial plutôt que dans des institutions, de leur « désigner rapidement » un tuteur par les services de protection de l’enfance du pays d’accueil, et de faire en sorte que frères et sœurs « ne soient pas séparés ». La résolution précise aussi que leur bien-être et leur localisation devraient faire l’objet d’une surveillance continue après leur arrivée dans l’UE.

« Des services, tels qu’un soutien psychologique, un soutien à la santé maternelle, une protection contre la violence fondée sur le genre, une recherche des familles ou un soutien à la réunification des familles », devraient être fournis dans le cadre des services nationaux de protection de l’enfance, ainsi qu’un accès total à tous les services essentiels et à des soins appropriés.

Les pays d’accueil devraient garantir un accès à l’éducation et aux services de santé identique à celui qu'ils offrent à leurs enfants, insistent les députés. Ces derniers plaident également en faveur de mécanismes de relocalisation qui donnent la priorité à la réunification des familles et à la relocalisation des enfants vulnérables, comme le mécanisme de solidarité pour les transferts médicaux intra-UE d’enfants et de jeunes nécessitant un traitement ou une thérapie qui pourrait leur sauver la vie.

Les députés appellent les pays de l’UE à faire le meilleur usage possible des fonds de l’UE disponibles afin de promouvoir l’intégration socio-économique des réfugiés et de les protéger contre toute discrimination ou exclusion sociale. Si nécessaire, des ressources supplémentaires devraient être octroyées, ajoute le texte.

Bien enregistrer les enfants arrivant d’Ukraine pour éviter les risques de traite d’être humains

Plus tôt dans la semaine, l'inquiétude sur le sort de ces enfants ukrainiens s'est également fait entendre du côté de la Commission européenne. Ylva Johansson, la commissaire européenne aux Affaires intérieures,  a appelé, les Etats membres de l’UE à bien enregistrer les enfants arrivant d’Ukraine pour éviter les risques de traite d’être humains. « Notre priorité c’est l’enregistrement, l’enregistrement, l’enregistrement», a-t-elle martelé devant le Parlement européen réuni en session plénière à Strasbourg. « Nous devons savoir où sont ces enfants, l’ensemble des deux millions (qui ont fui la guerre). Aucun enfant ne doit disparaître », a-t-elle insisté. « Les Etats membres doivent intensifier ces enregistrements ».

Le Groupe d'experts sur la lutte contre la traite des êtres humains du Conseil de l'Europe (Greta) met en garde « contre le risque » que ces enfants « soient victimes de traite des êtres humains et d'exploitation », alors que « le flux de réfugiés en Europe connaît sa plus importante augmentation depuis la Seconde Guerre Mondiale », indique dans un communiqué l'organisation de défense des droits de l'homme. Les « enfants fuyant l'Ukraine sans parents », notamment, seraient ciblés par des trafiquants, « et beaucoup d'entre eux sont actuellement introuvables », s'inquiètent les experts du Greta.

Selon les chiffres du Haut-commissariat aux réfugiés, plus de 4,2 millions de réfugiés ukrainiens ont fui leur pays depuis l'invasion ordonnée par Vladimir Poutine, le président russe, le 24 février. D'après l'Unicef, près de la moitié sont des mineurs.