Les Départements expriment à nouveau leurs préoccupations face à l'augmentation du nombre de demandes de placements d'enfants et l'afflux de mineurs non accompagnés.

Confrontés à une hausse des placements d’enfants en danger et à un afflux de mineurs isolés étrangers, les départements alertent sur une situation « intenable » et « explosive » avant l’été dans le secteur de la protection de l’enfance.

Cette double pression complique leurs efforts pour se conformer à la loi Taquet de protection de l’enfance qui prévoit de ne plus recourir aux hôtels pour les héberger à partir de février 2024. Une mesure prise lorsqu’un jeune de l’aide sociale à l’enfance (ASE) en avait poignardé à mort un autre dans un hôtel en banlieue parisienne en 2019.

Libération de la parole

L’Inspection générale des affaires sociales (Igas) avait estimé en 2021 que plus de 7 500 jeunes de l’ASE étaient hébergés en hôtels.

Un décret d’application provisoire pour limiter, voire interdire dès maintenant, dans certains départements, l’hébergement à l’hôtel, est attendu.

Si tout le monde est d’accord pour éviter l’hôtel, y parvenir s’avère plus compliqué avec la hausse du nombre de jeunes placés sous la protection de l’ASE, gérée par les départements, selon l’Assemblée des départements de France (ADF).

La secrétaire d’Etat à l’Enfance Charlotte Caubel reconnaît auprès de l’AFP « une très forte pression sur la protection de l’enfance, avec une augmentation des placements. Cela résulte de nos efforts pour libérer la parole sur les violences faites aux enfants et d’une augmentation des arrivées de mineurs non accompagnés, dont le nombre revient au niveau d’avant la crise sanitaire ».

« Les services de l’ASE sont sous tension. La situation est intenable et explosive », met en garde François Sauvadet, président de l’ADF.

Mineurs non accompagnés

« Un tiers des mineurs confiés à l’ASE requerraient un suivi pédopsychiatrique. Or il y a une insuffisance de moyens. Les services sont saturés » sur fond de pénurie de soins en santé mentale, ajoute-t-il.

À cela s’ajoute un afflux de mineurs non accompagnés (MNA) dans les départements frontaliers de l’Italie. Les Alpes-Maritimes ont vu arriver « 2 600 MNA supplémentaires depuis le début de l’année et ne peuvent pas faire face à cet afflux. Dans toute la France, c’est 5 000 MNA en plus depuis le début de l’année. Dans mon département, la Côte-d’Or, une hausse de 30 % », explique François Sauvadet. Les départements demandent que l’Etat « prenne en charge ces jeunes pendant la période d’évaluation de leur minorité », explique le président de l’ADF, arguant que « la politique migratoire relève de l’Etat, pas des départements ».

Ils réclament aussi de sursoir à l’interdiction de placement en hôtel tant que cette pression migratoire se maintient. Sans revenir sur l’objectif de renoncer aux hôtels pour 2024, le gouvernement est prêt à discuter du délai d’entrée en vigueur du dispositif transitoire et a « renforcé les moyens de contrôle » à la frontière depuis plusieurs semaines, indique Charlotte Caubel.

(avec AFP)